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Tilleul de la mémoire

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   Il suffit d'une grande chaleur pour que la ville prenne ses quartiers d'été dans  ce bain de tilleul qui signifie chez nous l'arrivée des  grands beaux jours .

parfum, tilleul d'orsay,  fleurs, grand mère, pau, floraison

 

  Les tilleuls ont explosé dans une floraison aussi soudaine que violente, leurs parfums inondent tout Pau, la ville aux mille tilleuls.  

 Partout des effluves enivrants, jusque dans les maisons, surtout  le soir, partout des ondes de douceur sucrée.

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  Ces jours bénis me plongent dans les souvenirs les plus délicieux , ceux que véhicule l'odorat, les souvenirs de ma grand mère maternelle, toujours d'une rigueur soignée et qui utilisait comme un rituel savon, talc, et parfum au tilleul.

  Une goutte de camomille en contrepoint du miel de la fleur  de tilleul, un parfum merveille.parfum, tilleul d'orsay,  fleurs, grand mère, pau, floraison

  Petite fille, j'aimais tout particulièrement les baisers dans son cou parfumé, j'aimais ses mains toujours frottées de talc raffiné, j'aimais cet arôme,  et la vie m'a conduite  en Béarn, où chaque fin de printemps ou début d'été, je retrouve les délices des souvenirs lointains.

 

 Oui, c'est bien par les parfums, les fragrances, les bouquets, les senteurs, que notre enfance ressurgit avec le plus d'acuité, de vivacité, de vérité.

 

  Tilleul, fraîcheur d'été acidulée,

parfum de  nature, printanier et innocent,

tout à la fois léger  et miellé, poudré et paillé ,

voile végétal impalpable , aquatique et lacté,

souvenir merveilleux d'un passé odorant.

parfum, tilleul d'orsay,  fleurs, grand mère, pau, floraison

 

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 Tilleuls si beaux dans le ciel palois,  majestueux et précieux encensoirs, balançant leurs  ombrelles pour déverser le suave parfum tel un encens sacré en ma mémoire fidèle.

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Histoires de sucrecuitier . Au rayon des souvenirs d'enfance (suite )

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Revenir un peu à Arcachon, c'est renouer avec les souvenirs,

des plus douloureux  aux plus tendres

des plus amers aux plus sucrés...

Nouvelle publication, pour Nicole Badi, retrouvée avec bonheur  sur la plage d'Arcachon, les souvenirs affluent!

 

__________

 Connaissez vous le sucrecuitier ? 

C’est sur ses traces que je  me suis rendue,

 

à la recherche des goûts et parfums perdus, du temps aussi .

 

 

*

medium_au_pays_du_sucrecuitier.jpg

*
Sucrecuitier !

 

Un nom à faire rêver :

 

dans mes plus lointains souvenirs,il y a  Monsieur Badi,Sucrecuitier de

son état.


Les soirs de belle saison,
 notre promenade favoritenous conduisait,

 

bien sûr au bord du bassin.Ce n’était pas encorela folie des glaces à sucer.

 

Mais nous avions un autre plaisir,un bonheur au bout d’un bâton,et qui

durait bien plus longtempsque la glace voracement engloutieoutrop tôt

tombée  à terre par maladresse.


Avant d’arriver place Thiers ,
nous tournions à gauchedans le boulevard de laPlage .

J’aurais pu m’y rendre yeux fermés, toutes narines ouvertes,guidée

par le ruban du chaud parfum.

Monsieur Badi était à son  poste.Sur un long comptoir de marbre,de ses

mains calleuses endurciesaux brûlures , il travaillaitla masse à sculpter.


Il étirait,
 retournait,tordait,repliait, retordait, étirait encore, et encore,

  la masse se faisait alors filaments  qu’il réunissait,puis à nouveau repliait.

 

Le sucre passait et repassaitdevant nos regards éblouis,les torsades

cristaliséess'enroulaient, allaient et venaient.

 

Long bloc de lave incandescente et sucrée,coloré au gré du sucrecuitier

d’exquis parfums :

 

Caramel,

 

Anis,

 

Réglisse,

 

 

Citron,

 

Cerise,

 

 Chocolat,

 

Banane,

 

Orange,

 

Menthe,

 

Mandarine,

 

Framboise

 

Le ruban se disciplinait sous les doigtsd’artiste du sucrecuitier,

 

Le ruban étiré s’arrondissait,et d’un coup vifle couteau alors tranchait des

tronçonsdans lesquels il nous était autoriséd’enfoncer le petit bâton.


La sucette était alors prête,
 brûlante  encore.

Il fallait attendre que le sucreprenne  sa forme définitive,

et à nous le bonheur.

 

A celui qui transformeraitla sucette en un pic le plus pointu possible.

 

Cela prenait plus d’une heure,  parfois davantage.

 Nous étions passé expertsdans la réalisation d’aiguilles de sucrequi

finissaient par se briser dans nos bouches gourmandes.

 

Bien sûr, avant d’en arriver là,le sucrecuitier réalisait le sucre filé,

 un savant dosage du sirop  de sucrequi cuisait ensuite dans l’énorme

bassinoire de cuivre

 

Mystère et secret du sucrecuitier.

 

Par lui, j’appris seulement les termes de cuisson :

 

la nappe

 

petit boulé

 

grand boulé

 

petit cassé

 

grand cassé

 

ensuite,

 

on arrive au caramel blond.

 

Le secret consiste à stopperla cuisson  au stade grand cassé.

 

*

medium_panoramique_de_berlingots_multicolores.jpg

 

 Je n’en ai plus que le regretdu parfum,de la saveur,l’extrémité filée sur la

langue,le choix du soir,quelle saveur pour le temps  de la promenade ?

 

Je n’ai pas de photos des sucettes bâtonnéesde Monsieur Badi,mais ces

sucettes un peu comme, etquelques berlingotsdont les couleurset la

transparence me rappellent . . .

 

 

sucettes à la manière de.jpg
medium_exquis_berlingots_multicolores_en_cadre_vert_anis.jpg

 

*

 

medium_au_pays_du_sucretuier.jpg

Monsieur Badi est mort depuis longtemps,

 le marbre explosé sous les pelleteuses,

 la boutique magnifique disparue,

 transformée en un énième et banal magasin saisonnier de vêtements

.


J'attendrai donc le paradis

pour choisir le parfum du temps de la promenade...

La chambre d'Adélie (première partie)

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Comme le dit  si bien Guillaume Gallienne tous  les après midi sur France Inter

 

                    " Un  peu  de  lecture, ça  peut  pas  faire   de  mal...".

Je vous propose  le début d'une nouvelle, ou d'un roman,  on verra.

 

La chambre ;  au pied  du lit, comme éjectée, la couette  , qui dévoilait le blafard pathétique  et froissé du drap housse  d'un vert anis défraîchi, les oreillers percutés par le sommeil agité, les livres  en jonchée, des tasses encore debout ou renversées , thé et café, des journaux dépliés, repliés, des vêtements épars,  du courrier, ouvert, ou non décacheté, des boîtes, des tubes  de  somnifères, plus ou moins légers, des chaussures dépareillées, serviettes de toilette et draps  de bain mêlés, un désordre  qui transformait le lieu en île ravagée au milieu d'un océan   dévastateur, prise  dans un mouvement  que rien ne semblait pouvoir limiter .

  Elle ne put alors qu'imaginer Adélie sur ce drap vert anis, qui donnerait à son corps une pâleur de cadavre, oui, c'était bien la mort que partout elle voyait s’infiltrer,  suinter, des murs même de  cette chambre de l'Adélie  adulte où elle n'avait jamais pénétré jusqu'à ce jour en 45 ans d'amitié . Il y  avait eu  bien sûr les longs après midi d’adolescence où elles partageaient leurs chambres  d'enfants, leurs lectures,  ( 1961 le tout premier Astérix ! )

Astérix -1- Astérix le gaulois

 

l'enthousiasme pour les auteurs  russes,

 

 

 

la chambre d'adélie,amitié,nouvelles,enfants,divorce,camillo,sag warum

 

les premiers  45 tours  qu'elles  se repassaient à l'infini, jusqu'aux rayures, sur le premier Teppaz, les premiers  échanges  sur leurs émois respectifs.

 

All My Loving - The Beatles

 

Sag Warum (Oh Why) - Das Kleine Marchen (Eine Zarte Weise) - Wanderer Ohne Sterne (Le Voyageur Sans Étoile) - Dein Zug Fahrt Ab - Camillo

 

 

  Mais  la tendance  n'était pas encore aux  "soirées pyjama " qu'elles découvrirent beaucoup plus tard   avec leurs propres rejetons.  On  se  quittait pour rejoindre les tables familiales  respectives. "De  leur temps ", les familles  se refermaient  sur  elles - mêmes  le soir venu et l'on ne partageait pas , même avec la plus chère   les nuits sous le  toit de l'autre  amie . La soirée, le dîner, la nuit, c’était le domaine de l'intimité  familiale, pas   souvent  drôle mais à laquelle les parents tenaient plus que tout...

 

  Adélie !  " Ma terre "! la nommait-elle affectueusement, terre bénie d'une présence  réconfortante et chaleureuse, malgré son prénom qui évoquait les froids polaires, ma terre  amie, source  de joie, d'échange magnifique, de moments  bouleversants, ces  voyage ensemble en Irlande, en Ecosse, en Grèce, en Espagne..., où elle n'avait jamais   perçu ni même  soupçonné dans le partage des lieux  de vie la détresse qui sourdait maintenant de cette chambre. Adélie !

 Revinrent les années lycée, les  premiers cours de grec , où côte à côte, elles plongeaient avec délectation dans la graphie nouvelle, , l'apprentissage, la découverte de leurs maîtres à penser que devinrent Epicure, Socrate,  Aristote, Platon... Revinrent leurs parcours qui s'éclatèrent , l'une vers Normale, l’autre vers l'aridité  des études  de médecine, toutes  deux bûcheuses, jusqu’au vertige.

 

   Revinrent les soirées grappillées  aux concours, aux exams, revinrent les échanges toujours complices , mais   de plus en plus  ponctuels, jusqu'à la rencontre  de chacune avec les deux qui les séduisirent,  Adélie et Max, et Jorge  pour moi, cet Argentin obscur et ténébreux, petit et musculeux qui savait transcendait les corps, le sien, le mien et dont le  regard me chavira  au premier échange.

 Jorge et Max  s’entendaient comme il n'aurait jamais été rêver pour nous dans nos plus ardents désirs. Car souvent, l'apparition de l'autre moitié fait éclater les amitiés, dessert  la relation, desserre et dénoue les liens les plus forts.

 De deux , avant même  que les enfants  ne nous multiplient nous devînmes quatre avec naturel, tendresse et passion mutuelle.

 

 Ces enfants, fruits logiques  de la suite arrivèrent, des jumeaux pour Adélie et Max , quatre pour moi.  J'ai fait quatre enfants?  J'ai fait quatre enfants ?...

à suivre

 

 

La clé

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Une aventure d'HelconideRendez-vous au Parc - Parc national des Calanques

 

                    Organiser l'été des enfants ?

          Tuant, horripilant, démoralisant,  exténuant .

 Il faut les occuper, penser pour eux, organiser, prévoir, amuser, divertir, sortir, veiller à les éloigner  des écrans,  source  de félicité  moderne, mais  les faire bouger, respirer, voir autre chose, ailleurs, mes parents disaient bien  que l'été , c'est fait pour ça, alors , je dis pareil.   

      Fin février, on commence  à y penser sérieux.

 A peine remise des obligations des fêtes  de fin  d'année, à peine rangées toutes les affaires  de ski, lavés, les sacs  de couchage, nettoyées les godasses, plié le linge adequat jusqu'à l'hiver prochain, je me colle à l'organisation des vacances des chers bambins, qui n'en sont plus  vraiment.

 On  sait  que pour la Toussaint  le programme est  familial - serré, nous 6 , rien  que nous en Normandie,

une vraie semaine de complicité, de partage, crevante, exigeante , exaltante   et sublime semaine que nous adorons, mais les enfants n'en sont plus, réclament maintenant leus vacances, leurs plaisirs, leurs amis,et qui doit  faire, organiser? moi bien sûr.

 

 Entre  temps,  il y aura   Pâques , mais là, c'est rituel et réglé, départ collectif  des  quatre chez  Papito et Mamita, trop heureux, disent -ils de récupérér leur petite - progéniture pour  10 jours.

 

 Et moi donc...

et chaque année, c'est pareil, je me  promets  de penser à moi, de débrayer, et  à chaque fois, l'idée obsédante des deux mois d'été me prend aux tripes.

 

 J'ai déjà depuis  deux mois consulté  les offres et propositions des catalogues  de colos, de camps, d'activités, et même cette année  j'ai plongé dans les voyages linguistiques au long cours, 3 , 4, 6 mois, en immersion totale, loin du berceau, des doudous, des parents, avec l'impossibilité de communiquer en Français, on garantit qu'ils reviennent parfaitement bilingues.

 C'est tentant.( Je n'ai pas encore bien réalisé qu'en échange, il y aura, Anton, Carmen, Angus...pour autant  de   temps à la maison, on avisera le moment  venu ...)

 Je m'engouffre dans la brèche, je contacte, je note, j'évalue, j'en parle  .

 

   Pour l'aîné  , c'est pas  gagné :

l'idée  de   3 mois  Outre Manche, pour  soigner son 6 de moyenne annuelle en  fin  de Première  est bien loin  de l'enthousiasmer. C'était sans compter avec Jules, le meilleur pote, qui, lui, part en Angleterre pour  6 mois. Du coup, Emmanuel se prend illico presto  d'un frénétique "à nous les petites Anglaises " et en deux coups  de cuillère  à pot, l'affaire est réglée; il part de mi  juillet à fin septembre . Yorkshire Dales campagne

                               Ouf ! et d'un !

 

 Le deuxième, ce  sera beaucoup plus simple :

fou de montagne,  d'escalade, caressant du haut  de  ses quinze ans,  le beau projet de devenir berger l'été et chirurgien l'hiver , il passera  un mois avec son parrain Etienne  , le berger aux 200 brebis , comme l'an dernier , dans les estives, à crapahuter, et chasser le "dahu menaçant", à découvrir la rude  vie  du berger: il adore et en redemande  depuis sa première expérience  .

Etienne  ramène ensuite Augustin dans la vallée, où il poursuivra  l'été avec les trois filles du berger , partageant son temps entre randos, jours d'escalade, bivouac. Pour lui, le bonheur assuré.

 

  Restent les jumeaux : alors , là, pas simple.

 Ils sont inséparables,

 enfin, presque,

 mais  ne font rien en commun.  Normal, un garçon, une fille.

 Des muscles et de la douceur.

 

Oui, mais pas dans cet ordre:

  Luc, c'est  bouquins, dessins,  cette année sans doute première tentative d'aquarelle, il ne veut pas  s'éloigner   de la maison ,  de son nid, et de sa prof de peinture qui sera là tout l'été. Nous respectons son désir, son désir aussi de  solitude.

 Marie, elle, c'est  des coups , des plaies et des bosses,

 club de rugby pour filles,  course à pieds, escalade , accrobranche, via ferrata, ...

 Une  chance  folle pour cet été, une belle soeur prend avec eux la terreur du muscle, pour un mois et demi dans sa propre famille en Suisse. Réunion  de cousins-cousines, pour Marie , l'idéal.

 

  Les choses se mettent bien en place. Pour la rentrée  on avisera.


12 juillet :      Luc a pris ses quartiers d'été, Marie, est partie vers l'Helvétie heureuse,    Augustin a rejoint les estives de la Vallée d'Aspe, et nous sommes dans les affres du départ d'Emmanuel.

 Nonchalant, plus qu'ado, il traîne,  et attend  que je fasse sa valise, après avoir montré le maximum  de mauvaise  volonté, jetant pêle - mêle  les tennis crades, les slips, sans  vérifier leur état, les bouquins, des tee shirts  sales, ses Cd, ses romans policiers... Bref, me poussant à mettre mon nez là où je m'étais promis  de  ne pas intervenir.

 Enfin en cette soirée du 13 , nous l'accompagnons à l'aéroport d'où il s'envole, avec Jules,  pour trois mois dans la campagne  du  Yorkshire.

 

 Nous regardons  s'envoler notre grand, avec au coeur  cet étrange partage de pincement et de ouf, que tous les parents connaissent un jour ou l'autre.

 

  Le 15 , en fin de matinée, je reviens du marché, bien plus légère que  de  coutume , car de six nous ne sommes plus  que trois à partager les repas .

  Rituel suspendu le temps d'un 14 juillet férié, j'ouvre la boîte à lettres. 

 

  Ou plutôt, je voudrais bien ouvrir la boîte à lettres, quand je réalise, que sur mon trousseau, il n'y a pas la clé de la boîte à lettres. Et que la clé de la boîte à lettres, elle est sur le porte clés d'Emmanuel...

Et qu'Emmanuel, il est parti avec son trousseau  et avec la clé  de la boîte à lettres...car seule clé  ayant échappé à la perte subie par  les autres exemplaires  de la famille,  celle d'Emmanuel lui accorde d'avoir la charge de relever tous les jours le courrier.

 Et qu'Emmanuel, bien sûr, il a oublié  de la laisser, et que moi, bien sûr, je n'y ai pas pensé, et que Louis, le  père n'a pa réagi non plus. Et que , la clé, et bien, elle est dans le Yorkshire...

 

 Le soir, long échange téléphonique  en Anglais avec les correspondants d'Emmanuel, le règlement est strict, nous ne pouvons lui parler en Français. Nous expliquons et nous entendons le père  d'Angus prononcer cette ultime  phrase, avant   de raccrocher :

 

 " Keep  cool,  il s'en est aperçu, nous vous l'avons renvoyée par lettre." ......

(traduction assurée par l'auteur, moins les hurlements............................ )Trousseau de clés normalisées

 

 

 

 

 

 

 

Je n'ouvrirai pas les guillemets...

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Comprenez que j'hésite à ouvrir,

 

            voire , entr'ouvrir les guillemets.

 « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « 

 

« « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « 

 

   Imaginons un instant qu'un courant

d' air s'y engouffre, même un zéphyr et

que le souffle aussi léger soit-il,

m'interdise à tout jamais de refermer la

ponctuation que je souhaitais voir

installée temporairement ?

 

   Qu'  adviendra-t-il  alors  du  message

murement  réfléchi, mais  atténué

délibérément par le double signe si

tolérant pour moduler la pensée émise? 

 

 Si même la ponctuation se met à me jouer

des  tours, je resterai donc close,  bouche

cousue,  gardant au fond de mon cœur le

secret  des  mots qui ,  à cause  du  léger

courant d'air pourraient bien engendrer

des tempêtes effroyables, des raz de marée,

un tsunami,  un nouveau Déluge , que

sais-je encore ?

 

      Et ça,  jamais,   foi de moi.

 

 J'hésitais,  je tergiversais, ma décision est

maintenant prise,  je clos ici , avant

même  de débuter, ce que j'aurais aimé dire,

et c'est tant  mieux  pour  la paix  dans

 le monde .

« « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « 

 

 

 

 

« « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « 

En terre de Soule,

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La lumière d'octobre à Barcus, à Esquiule, 

pas  beaucoup  de vert, mais la lumière !

première photo ci dessous , octobre 2014,

deuxième,  printemps 2013

barcus,soule,demeure familiale,pays basque de l'intérieur

 
 
 
aaneige d'octobrevue de la soule.jpg

*

Pour qui confond encore Pays Basque et Béarn,

voici un peu de  la Carte du Tendre en SOULE

 

re re re publication....

medium_Resize_of_Soule_à_Esquiulle.jpg
medium_Resize_of_près_de_Barcus.jpg
campagne souletine.jpg

*

*

Aux confins du Béarn et de la terre basque,

dans les doux vallonnements de la Soule,

 
 

 je sais un lieu où j’ai connu

 

 les plus belles heures de ma vie.

La grande  demeure familiale

accueillait notre tribu pour les vacances ;

elle se dressait au sortir du village,

au bord de la petite route qui conduit à Mauléon.

*

*

medium_portail_côté_est.jpg

*

Enorme façade grise aux volets innombrables

qui nous prenaient un temps fou

 pour les fermer à la nuit tombée !

 une lourde porte cloutée,

la date gravée dans la pierre : 1758,

tout me faisait rêver !

*

medium_sur_rue.jpg

*

Mais encore faut-il y pénétrer

pour comprendre tout  ce que ces murs m’ont donné.

Je me  revois encore dans le « grand salon »

aux meubles recouverts de draps blancs

à notre arrivée ;

le piano, un Pleyel de 1840,seul apparaissait découvert

 et tout offert à nos folies créatricesou sacrilèges.

Au – dessus du secrétaire,

le sévère portrait  de Tante Caroline,

 le visage ombré de  sa coiffe noire enrubannée ,

 ultime et fidèle gardienne des lieux

en période  de solitude et d'abandon hivernal.

 

Au plus vite,

 je m’appropriais la « chambre de paille »

comme elle avait été nommée

( je ne saurai jamais pourquoi !).

L'un des deux lits espagnols m’accueillait

pour quatre ou cinq semaines ;

 il était mon refuge pour lire et dormir,

 et la fenêtre ouvrait sur le jardin  non clos,

que prolongeaient les prairies,

puis le bois, puis la Madeleine  ,

notre « montagne »

tout comme Ahargo,

sur les sentiers  desquels j’apprenais à grimper.Vue sur le Pic d'Orhy avec La Madeleine au premier plan.

*

medium_sur_jardin_ouest.jpg
 

*

myriam en pélérinage à barcus.jpg

 

 

J’ai aujourd’huibeaucoup  de mal

à parler de la maisonà l’imparfait ;

elle est vendue,revendue,

 d’autres enfants l’ont accaparée,

mais je sens encore l’odeur âcre de la cheminée

que les torrides journées de l’été

 exhalaient dans toute la demeure.

 

Les après-midi me conduisaient

 dans les ombrages du jardin

pour de longues siestes sous les arcades des pommiers

 et des platanes enlacés

 et lorsque la chaleur se faisait trop intense

medium_fond_du_jardin.jpg

 

aajardin et dos de la maison fermée à l'automne.jpg

 

 

medium_sous_les_platanes.jpg

medium_barcus_côté_jardin.jpg

*

 

 je me réfugiais dans la fraîcheur

qui me paraissait tout à coup glacée,de la maison.

 

Mon imagination était sans cesse aiguillonnée

par les  trouvaillesque je faisais dans les greniers,

dans les six chambres de l’étage,

 chacune avec ses histoires et ses mystères,

 dans les albums de photographies

 où je me familiarisais

avec des oncles,

des tantes,

des cousins, 

des ancêtres et leurs noms compliqués,

les livres  de dépenses et recettesdatés de 1771,

griffés d’une petite écriture  serrée

dont l’encre pâlissait au fil des lustres.

 

A plat ventre sur le lit,

je dévorais l’Histoire narrée

dans les volumes reliés de « L’Illustration »,

le passé colonial, et l’Empire Français,

la Grande Guerre,

les Jules Verne dans la collection Hetzel

que je manipulais avec déférence,

on m’avait bien fait comprendre

 qu’ils étaient des trésors,

 et comme tels,je les respectais

et les touchais davantage des yeux que  des mains.

 

Notre joyeuse bande farfouillait partout,

à la recherche de trouvailles insolites,

 vieux bijoux, ou robes et jupons,

 culottes et dessous de  dentelles,

chemises des arrières grands-pères,

 cols cassés et baleines !

même des lavallières de soie

que nous nous amusions à nouer

à nos frêles cous d’enfants,

ce qui rendait furieuse notre tante,

 gardienne du temple des souvenirs,

respectueuse et dévote du passé  familial.

 

Tout me rattachait à ce passé,

 et maintenant,

je sais que c’est la maison elle-même

qui appartient  à mon passé.

*

*

medium_Resize_of_barcus_tableau_de_Hubert.jpg

*

 

De passage  parfois dans le village, je longe  ses murs,

je glisse un œil, je presse le pas,

ce n’est plus la demeure des vacances,bien que,  

en cette terre  

elle reste attachée au nom de la famille.

 

aaaenterre de soule.jpg

     Mais  plus jamais

je n’en franchirai le seuil,

 

 plus jamais

 

       je n’en sentirai l’humide fraîcheur,

 

  plus jamais,

 

             je ne foulerai l’herbe haute du jardin,

 

         des prairies,

 

        plus jamais

 

        je ne  serai  enfant....

 

                               Merci à Marc

                                                             medium_Resize_of_fin_octobre_en_Soule.jpg

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paysage vallonné basque.jpg

Votre café, vous l'aimez comment ?

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Petit matin, lumière béarnaise, heure du petit déjeuner, pour le pigeon et les Palois.

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   La journée  numéro  1 de l'année  2015 sera  belle, mais peu importe, elle sera.

 

Soyez rassurés, j'ai abandonné la chaussette depuis belle lurette,

 

belle lurette, quelle jolie expression ! 

 

mais qui était donc cette Lurette si belle qu'on l'ait immortalisée?



Ce sera pour une autre fois,

 

revenons à nos moutons, pardon à nos chaussettes:

 

je disais donc que la chaussette n'est plus de mise,

 

on est passé par toutes les possibilités imaginables, avec une

préférence il y a encore de nombreuses années pour le ballon,

 

que dis je le ballon ?

 

les ballons ,

 

 

suffisait d'y penser, on les réunit par un tube, et le tour est joué,

 

enfin presque

 

ne pas oublier la petite flamme en dessous, car si le ballon ne

 

chauffe pas, ça ne marche pas.

Ah, ça y est, j'ai trouvé et j'y suis :

 

tu vas nous parler Montgolfière,

 

on chauffe l'air du ballon et

 

HOP !

 

 

 

                        on s'envoie en l'air,

                                n'est-ce pas tante Astridelle ?

 

 

 

 

(mais je ne comprends toujours pas le coup de la chaussette...

 

et pourquoi deux ballons )

 

 

Mais non, je ne vous parle pas d'air,

 

il me faut de l'eau, et pure de préférence

 

l'eau du robinet filtrée

 

car elle est le plus souvent chlorée, calcaire,

 

privilégiez l'eau de source, la plus naturelle possible ( Volvic par exemple )

 

température : faire bouillir et laisser reposer 10 secondes avant

d'utiliser, couvercle ouvert de la bouilloire, la température

retombe vite

 

 

 

Ecrivassière toujours aussi farfelue, je suis perdu, largué,

échoué...me diras-tu enfin de quoi tu veux nous parler?

 

                     J'y viens, j'y viens!

 

Et je vais faire la fête aux machines, aux dosettes, aux capsules

et autres perversions .

 

On ne peut pas avoir un café de bonne qualité avec une capsule de

4 gr de café,

 

un bon café demande entre 9 et 10 gr,

 

sur 4 gr c'est impossible annoncent les spécialistes,

 

et puis, si tu n'as pas ta machine, c'est donc que tu n'as pas

réussi ta vie..

 

 

TU PARLES ! ! ! c'est du vol

(tiens,  on revient  à la montgolfière ?)

 

(regardez et calculez le prix du café au kilo vendu en dosettes et

capsules : presque du caviar pour un résultat fort peu convaincant

et tout juste moyen )

 

 

En tout premier lieu, l'eau donc ,puis le récipient : favorisez la porcelaine,CILIO Filtre à café taille 2, diamètre 12 cm, porcelaine dure (H.Nr.105162) ou le verre

 

surtout pour le filtre,

choisissez des filtres papiers de bonne qualité

 

 

 

renoncez définitivement au plastique, perturbateur du goût, et

vient le moment crucial du choix du café.

 

Ah , ça y est !

 

Enfin ! Le mot est lâché : je commence à comprendre,

 

et oubliez l'Italie qui n'a plus le monopole du bon café ,

 

oubliez le sucre,

qui n'est là que pour dissimuler la piètre qualité du café utilisé ou

d'un café mal équilibré, le sucre casse l'amertume, et détruit les

arômes.

 

 

le lait donnera une expérience totalement différente du café filtre,

c'est différent, adouci, mais il faut que l'on retrouve les arômes

originaux.

 

 

oubliez le café moulu du supermarché,

 

le robusta est de qualité médiocre , l'arabica des supermarchés

itou...les mélanges trop forts en robusta

 

ce serait bien le diable que vous n'ayez pas à proximité un

torréfacteur,

 

aux Halles de Pau, rien que là, il y en a deux.

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Allez le voir, votre torréfacteur , allez renifler, ouvrez vos

narines, testez, demandez conseil, risquez vous à ressortir le

moulin à café manuel de grand maman,

 

il ne faut pas dépenser une fortune ni être riche pour se préparer

un bon café.

 

 

 

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Pour mon goût personnel, ( je bois très  très rarement  du café,

mais alors, c’est une vraie fête)

 c'est le café filtre qui se rapproche le plus de la perfection et la

couleur du breuvage n'a rien à voir avec la qualité,

( clair ne signifie pas sans goût )

 

 

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vous allez déguster un café, fruité, un peu amer, un peu acide,

mais surtout pas sucré,

 

le robusta pousse à faible altitude

 

l'arabica d'une grande finesse, plus complexe, ( deux fois plus de

chromosomes que pour le robusta ) aromatiquement plus

intéressant,

 

cafetière à piston (à partir de 20 euro, )

 

un moulin

 

 

(neuf chez Hario ou regardez sur les sites d'occasion il y en a

plein)

 

 

fournissez vous régulièrement sans stocker ,

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le café est un PRODUIT PÉRISSABLE  ( comme les épices, le poivre...)

 

et moulu, il va s'oxyder à grande vitesse,

 

 

 

les règles à respecter :

 

- le café est un produit très volatile, il doit être moulu au moment

de l'utilisation,

- attention à la moulure, la bonne granulométrie, elle doit être fine,

- revenez au moulin manuel le meilleur pour obtenir la mouture qui

convient et qui n'a pas attendu .

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Choix de l'Arabica,question  de  goût , testez, c’est le seul

moyen d'arrêter votre choix : 

 

 

mokas d'Ethiopie, très variés, très épicés

 

Kenya

 

Guatemala, Colombie,

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pour  en  apprendre encore davantage :

cafés d'exception chez Terre de Café http://www.terresdecafe.com/138-grands-crus-d-exceptions

 

cafés d'Amérique centrale

 

Préparation d'un café filtre

Faire chauffer la tasse avec de l'eau chaude

 

humidifiez légèrement le filtre et ensuite vaporisez la mouture fine avec un peu d'eau froide. Utilisez de l'eau frémissante, jamais brûlante, et faites passer manuellement par petites quantités l'eau sur le café,

 

le café se prépare au moment du service, et se déguste immédiatement, rien de pire que la conservation d'un café à réchauffer..

N'oubliez pas que son parfum se corrompt très rapidement et s'altère.

Pour profiter de ce nectar, au brin d'amertume délicate soyez exigeants avec sa préparation.

 

Pour les ballons, souvenir d'enfance, la cafetière Hellem familiale qu'utilisait ma mère avec pertinence et obtenait un café excellent.

 

 

PS : ça marche très bien avec la galette

 

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Liens  vers  deux  émissions  qui sont encore  en écoute :

http://www.franceinter.fr/player/reecouter?play=663528

 

 

http://www.franceinter.fr/emission-on-va-deguster-le-cafe

 

 

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"L'Hure" ( nouvelle protégée par copyright)

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   Une nouvelle pour ma chère tante Astridelle,

 pour occuper un peu  de son temps de  convalescence,

              avec toute mon affection

 

   Et pour vous tous, puisqu'il paraît que vous aimez lire

 et pour nommer le titre  de la belle émission de Guillaume    Gallienne, le samedi à 18 heures  sur France Inter

 

 "Un peu de lecture,ça peut pas faire  de mal ..."

 

Lisez, ça  vous ouvrira les écoutilles.

 

 

 

 ------------------------

 

 

  Il était une fois, il y a  si longtemps, si longtemps qu'on ne  saurait dater l'histoire.

 

   Au fond d'une forêt épaisse, sombre, humide, au fond des bois maléfiques où les eaux  le disputaient au végétal, , vivait une femme , mais peut - on dire " une femme " quand on sait qu'elle  n'avait d'humain que l'apparence    à  peine  entrevue , au fond des sombres bois.

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   Ceux qui l'avaient approchée, -quelque chasseur , cavalier égaré-, n'avaient d'elle retenu que la face difforme, le nez écrasé, sous une chevelure aussi épaisse , aussi impénétrable   que la forêt qui l'abritait.

cadre rochers moussus ss les hêtres.jpg

 

  Ceux donc  qui l'avaient   aperçue, en avaient rapporté une image tellement animale, une description  tellement éloignée  de l'idée même de femme que le surnom de  " la hure " lui fut donné, tant son visage évoquait le groin de la truie.

 

   " La hure "  ne  se montrait guère,

 c'était toujours par hasard qu'elle était entraperçue, toujours fuyante,  partageant son temps entre des cueillettes mystérieuses, le ramassage  du bois pourri , et celui des glands  dont comme cochons et sangliers elle se nourrissait .

 Comment femme un tant soit peu humaine  aurait-elle pu vivre  de ces bouillies malodorantes et indigestes ?  

  Elle était bien porcine  , l'Hure.

 

  Sans  âge, sans charme , sans rien qui la rendît humaine, l'Hure avançait dans une vie  sans avenir et  sans passé, rien, ni personne à ses côtés .

 

    Elle avait, disait-on, la science des herbes, des rites   de fécondité, la connaissance des simples , celles des bois profonds, des forêts humides, où  ne croissent que mousses, lichens et champignons douteux.

 

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  A croire qu'elle cherchait dans la fréquentation de ces étranges plantes  verdâtres, glauques, gluantes, quelque secret à percer.

 

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  C'était il y a  si longtemps que  même les arbres millénaires des  forêts primaires ne sauraient vous dire en quel temps...

Au cœur des  forets  qui abritaient  les secrets  de l 'Hure, on se souvient encore de ruines étranges, noires, ruines devenues  quasiment végétales.

 

   L'Hure y venait souvent, surveillant la croissance de certaines plantes  médicinales  dont elle utilisait les vertus. Parfois l'arnica, souvent la gentiane,  mais elle allait plus volontiers vers les étranges, les moins connues, aux noms latins qu'elle déclinait pour elle seule quand elle  mettait au jour une espèce sur  son terrain  de  chasse :

 

 

     salvia divinorum, humulus lupulus, ephedra sinica, alluim ursinum, lagochilus inebrians , malva sylvestris, cymbopogon martini ...et caetera, et caetera

 

   Une particulièrement avait ses faveurs, petite plante  fleurie dont elle négligeait la partie  aérienne .

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Description de cette image, également commentée ci-après

Ce qui l'intéressait, c'était la racine, ou plutôt les racines , ou mieux encore la racine double.

 

  Étrange  Mandragora officinarum  dont on sait  que la structure ramifiée  des racines figure  le corps  humain, qui l'homme, qui la femme,  plutôt  sur un rapport de taille qu'un véritable déterminisme sexué de la plante.

 

   L'Hure vérifiait  toujours la taille de  la plante avant  de la déterrer et de recueillir précieusement  la racine conviée.

 

 

  La  laideur   de l'Hure était avérée, mais  ce que l'on  sait moins  que la fréquentation éternelle  de la laideur ne rend pas pour autant celui qui en est touché insensible à la beauté, tout au contraire.

     Les contes nous le  rappellent sans cesse. L'Hure ne faisait pas exception à la règle. 

 

   Aussi, celui que l'on  aurait surpris traquant  L'Hure dans ses  quêtes végétales eût- il pu imaginer  que la femme à la face de groin n'était en recherche  que d'un secret de métamorphoses, d'une plante  qui la rendît , à tout le moins  humaine, si ce n'est belle ?

 

 

      C'eût été sans  compter avec la nature même de L'Hure.

 

  Peu lui importait son aspect.

 

 Ce qui la rongeait, c'était la solitude.

 

     Elle  portait  seule  le  fardeau de la vie  , jamais partagé, jamais , jamais, jamais.

    Ce qui l'avait  conduite à cet état, sera ici tû  pour l'éternité. 

 

Nous n'en soufflerons mot.

 Nous nous contenterons d'effleurer la souvenance  d' un passé  inénarrable.  

 

   Peu lui importait  de n'avoir jamais eu  de bras  autour  de  son corps décharné, de sourire   qui inondât de lumière  sa face animale, mais  ne pas  donner,  ne pas transmettre le don d'amour  qu'elle avait secrètement reçu de sa mère , ne pas aimer, quitte à ne pas être aimée.

 

 Mais aimer, donner, donner, donner, 

jusqu’au  vertige, jusqu'au sacrifice !

 

    Et cela, qui l'eût deviné sous les traits  de l'Hure ? 

  Car L'Hure n'était qu'Amour, quand ceux  qui l’apercevaient  ne voyaient en elle que  repoussoir, maléfice, sorcellerie.

    La quête à la mandragore était elle un moyen  de toucher à l'Amour?  L'Hure, elle,   savait que la réponse était dans la racine  à deux jambes,  au corps musculeux...

 

 


C'est au printemps que le recherche des racines de mandragore était la plus fructueuse pour l'Hure, printemps qui fait gonfler les sèves,

 

les contes ne vous l'ont peut être pas révélé, mais la sève monte et descend ,

double sens pour double bénéfice, des feuilles vers les racines, des racines vers les feuilles,

et le retour du printemps , la douceur, en sont le déclenchement.


   Donc au printemps, racines gorgées de sève, racines riches en promesses pour l'esseulée.

 

 Ses récoltes printanières puis estivales se tournèrent vers les racines d'apparence mâle, autant que faire se pouvait.

 

    L'Hure récoltait encore et toujours et au début d'un automne que nous ne saurions dater, elle entreprit le lent travail qu'elle s'était fixé :

 

 de ces racines qu'elle broya dans un mortier de néflier, elle obtint une sorte d'emplâtre épais, brunâtre et peu avenant.

Elle laissa se bonifier tout l'hiver suivant cette étrange pâte , tel un vin d'élite à qui il faut le temps pour révéler tous ses mystères.

 

  Ce n'est qu'au printemps suivant, le jour du printemps de cette année improbable, le 20 mars exactement qu'elle en fit enfin usage;

 

  elle commença par humidifier légèrement l'emplâtre rendu épais par la dessiccation, elle le huma, en prit une boulette entre ses doigts, l'étira, le façonna, puis le rendit à  sa forme première d'emplâtre, et doucement, elle l'appliqua par petites touches sur son ventre stérile, dissimulant son nombril, les rides transversales de ce ventre vide, noyant son pubis de la pâte brunâtre.

 

  Elle passa ainsi le printemps, l'été, et nul pour la constater mais la métamorphose eut lieu.

   La mandragore mâle s'offrit à   la vieille L'Hure et la nuit veille du solstice d'hiver, nuit la plus longue, la plus sombre, la plus froide, seule, au fond des forêt, L'Hure accoucha d'une fille dont on pouvait redouter qu'elle n'héritât la laideur de sa mère. 

  Le jour qui dès le lendemain allait gagner sur la nuit, le premier de ces jours qui allaient retrouver lumière, illumina le visage de l'enfant, enfant à la face parfaite, au sourire immédiat qui inonda le regard de l'Hure. Enfant à qui tout l'amour du monde était promis, annoncé, destiné.

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«  Lurette, la baptisa-t-elle , Lurette, il y a si longtemps, Belle Lurette, il y a si longtemps, si longtemps que je t'attends »


La chambre d'Adélie (1°et 2° chapitres )

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Vous dites  aimer lire? ça tombe  bien :

voici les deux premiers chapîtres d'une nouvelle

 

" La chambre d'Adélie "

 

 

 Au pied  du lit, comme éjectée, la couette  , qui dévoilait le blafard pathétique  et froissé du drap housse  d'un vert anis défraîchi, les oreillers percutés par le sommeil agité, les livres  en jonchée, des tasses encore debout ou renversées , thé et café, des journaux dépliés, repliés, des vêtements épars,  du courrier, ouvert, ou non décacheté, des boîtes, des tubes  de  somnifères, plus ou moins légers, des chaussures dépareillées, serviettes de toilette et draps  de bain mêlés, un désordre  qui transformait le lieu en île ravagée au milieu d'un océan   dévastateur, prise  dans un mouvement  que rien ne semblait pouvoir limiter .

  Emmanuelle ne put alors qu'imaginer Adélie sur ce drap vert anis qui donnerait à son corps une pâleur de cadavre, oui, c'était bien la mort que partout elle voyait s’infiltrer,  suinter, des murs même de  cette chambre de l'Adélie  adulte où elle n'avait jamais pénétré jusqu'à ce jour en 45 ans d'amitié . Il y  avait eu  bien sûr les longs après midi d’adolescence où elles partageaient leurs chambres  d'enfants, leurs lectures,  ( 1961 le tout premier Astérix ! )

 

 

l'enthousiasme pour les auteurs  russes,La cerisaie - Couverture - Format classique

 

les premiers  45 tours  qu'elles  se repassaient à l'infini, jusqu'aux rayures, sur le premier Teppaz, les premiers  échanges  sur leurs émois respectifs.

  Mais  la tendance  n'était pas encore aux  "soirées pyjama " qu'elles découvrirent beaucoup plus tard   avec leurs propres rejetons.  On  se  quittait pour rejoindre les tables familiales  respectives. "De  leur temps ", les familles  se refermaient  sur  elles - mêmes  le soir venu et l'on ne partageait pas , même avec la plus chère   les nuits sous le  toit de l'autre  amie . La soirée, le dîner, la nuit, c’était le domaine de l'intimité  familiale, pas   souvent  drôle mais à laquelle les parents tenaient plus que tout...

 

  Adélie !  " Ma terre "! la nommait-elle affectueusement, terre bénie d'une présence  réconfortante et chaleureuse, malgré son prénom qui évoquait les froids polaires, ma terre  amie, source  de joie, d'échanges magnifiques, de moments  bouleversants, ces  voyages ensemble en Irlande, en Ecosse, en Grèce, en Espagne..., où elle n'avait jamais   perçu ni même  soupçonné dans le partage des lieux  de vie la détresse qui sourdait maintenant de cette chambre. Adélie !

 Revinrent les années lycée, leurs passions communes  qui mêlaient sciences et  lettres, les  premiers cours de grec , où côte à côte, elles plongeaient avec délectation dans la graphie nouvelle, , l'apprentissage, la découverte de leurs maîtres à penser que devinrent Epicure, Socrate,  Aristote, Platon... Revinrent leurs parcours qui s'éclatèrent , l'une vers l'aride Normale, l’autre vers l'aridité  des études  de médecine, toutes  deux bûcheuses, jusqu’à n'en plus pouvoir.

 

   Revinrent les soirées grappillées  aux exams, aux concours,  revinrent les échanges toujours complices ,  mais   de plus en plus  ponctuels, jusqu'à la rencontre  de chacune avec les deux qui les séduisirent,  Emmanuelle et Max, et pour Adélie, Jorge  , ce Chilien obscur et ténébreux, petit et musculeux, photographe - artiste  jusqu'au bout de son objectif , qui savait transcendait les corps et les âmes  et dont le  regard aiguisé la chavira  au premier échange.

 Jorge et Max  s’entendaient comme il n'aurait jamais été rêver pour elles  dans leurs plus ardents désirs. Car souvent, l'apparition de l'autre moitié fait éclater les amitiés, dessert  la relation, desserre et dénoue les liens les plus forts.

 De deux , avant même  que les enfants  ne les multiplient, ils devinrent quatre avec naturel, tendresse et passion mutuelle.

 

 Ces enfants, fruits logiques  de la suite arrivèrent, des jumeaux pour Emmanuelle et Max , quatre pour Adélie , en quatre fois .  

"J'ai fait quatre enfants?  J'ai fait quatre enfants ?...

Qu'ai-je fait  de ma vie ?", se répétait à l'infini Adélie...

 

 

 

1966  l'année  du bac, c'était du sérieux, avant 68 , on ne plaisantait pas avec l'examen final des années  de lycée, d'ailleurs, on n'avait jamais vraiment plaisanté  Emmanuelle et Adélie décrochèrent toutes deux avec le même brio et la même mention bien le fameux sésame, et quittèrent, enfin ! les cocons écrasants des deux familles.  L'une Paris et hypokhâgne, l'autre la faculté de médecine de Lyon, là non plus, on ne plaisanta pas.  Des années pour l'une et l'autre de travail harassant et Adélie qui rejoignit sa chère Emma une fois l'internat de Paris réussi.

Là, malgré le carcan éprouvant  de leurs deux carrières, elles se retrouvèrent, aussi souvent que possible.

Emmanuelle, reçue à Normale, entama dès sa sortie et sa nomination dans un lycée de la capitale, la rédaction d'une thèse sur Chrétien de Troyes ; elle entra de plain pied dans la vie professionnelle l'année de son mariage avec le charmant Max, chercheur lunaire et farfelu, qui apporta à cette tête farcie de grammaire et d'ancien français un souffle d'air frais, un brin de fantaisie . Emma la plupart du temps, se montrait rigoureuse, voire rigide, et Max, c'était l'improvisation, la gaité, et leur complémentarité, si elle pouvait surprendre, enchantait, ravissait, et prouvait l'adage qui dit que seules les montagnes ne se rencontrent pas ...

 En même temps, Adélie croisa la vie  de  Jorge...  

 Une autre histoire que cette rencontre -là, pas simple, hypothétique dans sa construction.  

 Adélie, avalée nuit et jour par sa passion médicale, intégralement vouée à ses patientes, le nez entre leurs cuisses où ne siège pas toujours la véritable raison qui les pousse  à consulter leur gynéco, l'esprit organisé pour les seconder, pallier à leurs faiblesses et leurs failles dans leurs couples, Adélie, si bien préparée à la vie des autres, et totalement inapte à s'occuper de la sienne...

 Jorge prit doucement les rênes de leur relation balbutiante, se donna du temps et lui en offrit , distilla la patience.

Et vaille que vaille, Adélie se coula dans le nid si doux que lui bâtit ce Sud Américain féérique.  

 Ils s'installèrent dans un agréable  deux pièces de la rue La Bruyère, au coeur de ce  9° adossé à Montmartre, et teinté de vie de bohême et d'artiste.   

 Jorge organisa son labo photo dans une des caves de l'immeuble, un peu froide et humide, et s'y trouva fort bien;  

 il arpentait Paris de jour comme de nuit et de son œil artiste , il immortalisait les façades , les visages , les situations pour lui exotiques d'un Paris regardé différemment: les marchés, les musées, les cimetières, tout l'enchantait et lui donnait l'occasion de fixer des bribes de vie que le déclic photographique transformait en haïku noir et blanc, car ce que Jorge adorait au delà de tout, c'était figer l'instant.PARIS - 8 octobre: ??La vue sur la rue au boulevard Haussmann le 8 Octobre 2012 à Paris. Le boulevard Haussmann est bordée de blocs d'appartements, dont réglementé hauteur corniche donne un eyeline agréable sur le boulevard. Banque d'images - 16722198

  Adélie, elle ne voyait rien de la ville, de ces gens, de ces rues dont Jorge lui décrivait à l'occasion d'un cliché réussi, la sensation, les odeurs, les mouvements.

Elle découvrit ainsi que rien n'est moins statique que la photographie.

 La  dernière année  de  son internat, s'annonça Pablo .

 Adélie paniqua,

 elle ! faire un enfant ! elle, qui n'avait pas même le temps  de s'occuper d'elle, elle qui  visait le clinicat,   elle dont  sa spécialité choisie  exigeait au moins  encore six années  , alors Jorge la rassura de toute sa tendresse,

il était là ! elle n'avait rien à redouter:

libre , vivant raisonnablement  de ses clichés, pas soumis au temps qui dévorait Adélie, il était là !  

Pablo : Ce ne fut pas un choix gratuit que celui de ce prénom -là ! L'Amérique du Sud  , toujours présente, et le prénom du père de Jorge, ce père     sans doute en cendres dans le désert d'Atacama, pour  ses idées...

Il s'était promis d'aller là-bas , d'aller y voir les étoiles et retrouver la mémoire de son pays.

 

 Pablo toute petite chose, qu'Adélie mit au monde un lundi d'hiver, dans le froid de la capitale, si brun  , petit pruneau sec  et musculeux  comme son père, et dont elle ne s'offrit  guère le temps ni de profiter ni de bercer.

 A peine dix jours plus tard, elle repartait, les traits un peu tirés, davantage par les nuits blanches que les pleurs de Pablo engendraient que par cette naissance elle - même qui passait un peu inaperçue. Adélie, mince et élancée, le sein vide du lait dont elle ne voulut pas ( elle qui chaque jour, convainquait ou tentait de convaincre les patientes du bien fondé  de l'allaitement maternel...)

 «  pas le temps, pas possible  » reprit illico le chemin de l'hôpital.  

 Jorge alors devint père-mère. Et ce fut naturel et heureux; Emmanuelle  passait aussi souvent  que possible rue La Bruyère ;

elle adorait grimper  à l'improviste les  six étages qui conduisaient à l'appartement chaleureux que Jorge remplissait de ses chansons, de son rire sonore et tellement amical, elle adorait attendre jusqu'à pas  d'heure l'arrivée d'Adélie, qui lui tombait dans les bras, leurs pépillements  de petites filles qui se retrouvent, et même les pleurs de Pablo  qui résonnaient comme des manifestations d'une tendre présence,  si vivante ! si vivante ! ...   ( à suivre )


Mémoire parfumée au tilleul d'été

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 Il suffit d'une journée  de     chaleur, même douce,  pour que

la ville prenne ses quartiers d'été dans  ce bain de tilleul qui

signifie chez nous l'arrivée des  grands beaux jours .

parfum, tilleul d'orsay,  fleurs, grand mère, pau, floraison

 

  Les tilleuls ont explosé dans une floraison aussi soudaine que violente, leurs parfums inondent tout Pau, la ville aux mille tilleuls.  

  Partout des effluves enivrants, jusque dans les maisons, surtout  le soir, partout des ondes de douceur sucrée.

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   Ces jours bénis me plongent dans les souvenirs les plus délicieux

 ceux que véhicule l'odorat, les souvenirs de ma grand mère

maternelle, toujours d'une rigueur soignée et qui utilisait comme

un rituel savon, talc, et parfum au tilleul.

  Une goutte de camomille en contrepoint du miel de la fleur  de

tilleul, un parfum merveille.parfum, tilleul d'orsay,  fleurs, grand mère, pau, floraison

  Petite fille, j'aimais tout particulièrement les

baisers dans son cou parfumé, j'aimais ses mains

toujours frottées de talc raffiné, j'aimais cet arôme,

 et la vie m'a conduite  en Béarn, où chaque fin de printemps ou

début d'été, je retrouve les délices des souvenirs lointains.

 

 Oui, c'est bien par les parfums, les fragrances, les bouquets, les

senteurs, que notre enfance ressurgit avec le plus d'acuité, de

vivacité, de vérité. 

Tilleuls si beaux dans le ciel palois,  majestueux et précieux

encensoirs, balançant leurs  ombrelles pour déverser le suave

parfum tel un encens sacré en ma mémoire fidèle.

 

  Tilleul, fraîcheur d'été acidulée,

parfum de  nature, printanier et innocent,

tout à la fois léger  et miellé, poudré et paillé ,

voile végétal impalpable , aquatique et lacté,

souvenir merveilleux d'un passé odorant.

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1983 21 juin Fête de la Musique à Paris

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  En ce soir de l'été 1983, Paris porte une tenue grisée mais

douce , agrémenté d'un vent qui promet déjà de forcir.

 C'est donc le 21 juin, jour de l'été choisi depuis l'année

précédente  pour célébrer la musique partout en France

  Partis  de la place    de l'Europe, nous descendons vers le

centre de la ville pour une grande balade nocturne à la rencontre

de la fête.


De Saint Lazare à l'Opéra, rien.

 

 Les rues sont désespérément calmes , pas une note, pas un son

qui sortirait des appartements, pas d'instruments , point de gens.


Où sont donc les Parisiens?

 

Où est donc la fête annoncée?

 

Plus nous nous rapprochons de la place de l'Opéra, plus nous

sentons que quelque chose se passe, que quelque chose se serait

concentré au cœur même de Paris, au Temple de la Musique et de

la Danse.

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Lieu magique et somptueux , ce soir  désacralisé.

 

 

En haut des marches du Palais Garnier, une gigantesque sono

crache ses décibels dans la nuit maintenant tombée.

Musique brésilienne: la foule écoute , mais ne participe pas.

 

 

 Levant les yeux, nous découvrons les machinistes de l'Opéra en

bleu de travail jambes ballantes dans le vide, assis en rang

d'oignon au bord du toit, entre les statues.


 Soudain un homme sort de la foule, se met à danser sans

retenue, symbole de la fête libérée et retrouvée.

 Il danse à contre temps, ne se soucie de rien, ne voit rien, fou

de bonheur, de rythme, ivre de décibels .


 A son tour, une grande fille rousse dégingandée quitte les rangs

sages, et le rejoint.

 

 

Étonnant contraste entre le cercle immobile et ces corps pulsés,

bousculés par la batterie.

 

 

 En eux la musique, et la fête éclate pour de bon, spontannée,

libérée, loin encore des institutions qui la muselleront  à l'avenir:

 

elle  se propage dans les corps et les cœurs.



 Nous quittons la place de l'Opéra livrée maintenant à la danse,

les oreilles vibrantes, nous rejoignions le Palais Royal.

 

 Parfois, à l'angle de deux rues, un jeune, un couple, harmonica,

tambour, guitare, ocarina, chacun à sa manière célèbre sa fête.

Paris s'émaille de sons échappés dans la nuit.


 Palais royal : lumières et colonnade, éclair pour l'œil, explosion

pour l'oreille.


 L'Orchestre de la Garde républicaine , éclatant de cuivres polis,

sanglé dans les uniformes de parade, fait claquer l'ouverture de

« Carmen » ; les enfants hurlent de joie , 

 

 

pas question d'écoute religieuse, mais une participation

bondissante et libérée, corps et âmes, à tout ce qu'offre cette

nuit.



 

Paris  fête  de la musique, Opéra,  Palais Royal, Carmen, jardin des  tuileries,  Brahms, quintette avec clarinette, passion, musique  , musique  de chambre, fête, institution Saint Roch,

les portes ouvertes ,déverse des flots d'orgue triomphal.

 

 

 

 

 

Le vent s'est levé pour de bon, chargé des poussières

de la ville , des sons démultipliés se heurtent, s'entrechoquent ,

tournoient se marient  et se dispersent.





 Une clarinette solitaire perce la nuit ; nous en suivons le ruban

mélodique et pénétrons dans les Jardins des Tuileries.

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 Du sable soulevé par les bourrasques tièdes s'engouffre dans

les allées labyrinthiques.


La musique nous guide.


Assis sur un banc de pierre, un homme joue, seul.

 

 

A ses pieds , un radio - cassette diffuse la partie quatuor du

quintette avec clarinette de Brahms;

il joue, pour lui,

pour Brahms, pour la Musique,

il joue sans nous voir, les yeux clos,

tout entier immergé dans l'œuvre somptueuse,

sa clarinette emplit l'espace des jardins.


Ce 21 juin 1983 , sa contribution à la Musique s'ancre à tout

jamais dans ma mémoire.

 

 

Une larme de joie roule sur ma joue, je suis bien.


Et je ne sais pas encore que ce sera le seul 21 juin à m'apporter

ce bonheur indicible.

Les cousins Lorrin

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 Les cousins Lorrin n’appartenaient à aucune époque,

 aucun siècle n’était fait pour eux. 


 Ils étaient hors du temps, hors des temps, intemporels, sous la houlette du patriarche Louis dont on disait qu'il avait fait de brillantes études; je n'ai  jamais su lesquelles. Jamais il ne travailla.
 

 Louis, à l’âge de vingt-deux  ans  avait épousé sa cousine germaine, Catherine, la fille de son oncle maternel, car il n’est pas bon que se dissolvent les patrimoines dans les familles cauchoises. La meilleure tactique avait été donc et depuis de nombreuses générations de faire s’épouser entre eux les  cousins et cousines, plutôt germains, pour rapprocher les terres, pour resserrer les demeures, pour éviter de voir s’éparpiller les biens.

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 Ainsi donc Louis, et Catherine , ménage exemplaire,  se virent à la tête de nombreuses propriétés, domaines agricoles, vastes demeures bourgeoises, métairies, entourées de haies de peuples et de hêtres , de champs  de lin,  dignes héritiers des personnages de Maupassant

.

 Le lit conjugal servit, et Louis accomplit son devoir d’ensemencement ; Catherine accoucha en six ans de cinq enfants.

 La vaste demeure longeait la rue principale du bourg, six fenêtres aux barreaux serrés, dont les volets se fermaient dès cinq heures du soir.

 

 

 Un jardin sur l’arrière, prolongé d’un potager, puis les champs. Point d'amis, ( Louis aimait à proclamer que les seuls amis des enfants sont leurs parents ) point de fréquentations, hormis l'inévitable curé de la paroisse , le notaire, et puis, un vieil évêque , dont on ne savait ce qui avait motivé son arrivée dans ce coin reculé de Normandie. Il venait  une heure  pour le thé quotidien, confessait Catherine, écoutait Cécile avec bienveillance, puis repartait jusqu'au lendemain...décor à un mauvais roman on était loin  de Flaubert.

 Joseph, le fils aîné, porteur de toutes les espérances paternelles, fut condamné à réussir son entrée dans la vie militaire.

 Surprise, car jusqu’à Joseph, aucun aîné n’avait jamais eu d’autre occupation que de prolonger la dynastie et gérer le patrimoine.


 Joseph entra donc à Saint Cyr. Il disparut en  Indochine.

  Henri-Pierre, de treize  mois son cadet, se révéla un enfant fragile, étrangement artiste dans ce monde sans art . On le mit très vite en pension chez les Jésuites, pour lui faire le caractère. Henri-Pierre, nous le découvrîmes il y a peu dans  de la correspondance retrouvée incidemment, tenta de mettre fin à ses jours à treize ans.

 Il se heurta violemment à la volonté paternelle, qui le destinait à la magistrature. Il ne parlait que  Beaux Arts, peinture,aquarelle,sculpture, ce qui lui valait les foudres et les lazzi du père tout puissant .

 Catherine se montra  absente de l’éducation. Tout revenait à Louis qui régentait son monde.


 Cécile, délicate jeune fille, troisième de la famille, se réfugia très rapidement dans l’extase et la contemplation  du Saint Sacrement. Elle passait le plus clair de ses journées d’enfant puis de jeune adolescente en adoration et en prières.


 Quand elle annonça sa volonté de rentrer au Carmel, son père se déchaîna. Elle se devait à ses parents. Seule fille, il n’était pas question qu’elle opte pour un autre destin que celui de servante, en quelque sorte, bien que le mot n’ait jamais été prononcé, mais toujours sous entendu. Elle occupa ce poste jusqu’à sa majorité, servile, et priante et le soir même de ses vingt et un  ans, quitta la maison aux  fenêtres grillagées pour rejoindre le Carmel de Lisieux.

 

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Son père la décréta morte.

On ne prononça plus jamais son prénom.

Cécile disparut de la vie des  Lorrin.

 Photo le cloitre

 

 

 Le quatrième, Edouard,  portrait du père, tout en rigidité et en autorité, mena  tant bien que mal ses études secondaires à leur terme, puis, élu et cornaqué par Louis, prit la direction des affaires, ou du moins , de celles que son père voulut bien lui déléguer. Des peccadilles , qui l’occupaient. Car Louis, l’âge avançant, ne cédait pas un pouce de ses attributions de patriarche.

 Victor était le cinquième : un bien bel enfant.

 Quand il eut trois mois, ses parents se rendirent au Havre pour le présenter à la famille paternelle.  Au retour, la voiture  quitta la route, Louis ne put redresser le véhicule qui heurta un arbre ; Victor, des  bras de sa mère, fut éjecté ; on le retrouva dans le fossé.


 Depuis ce jour, Victor, la cervelle brouillée, innocent à vie, se métamorphosa en valet de ses parents qu’il servit, jour après jour.


 Quand je rencontrai Victor, il était le chauffeur de papa-maman, tout de noirs vêtus, col rigide pour lui, chapeau à voilette pour elle. Lui, voix hachée, prononciation hésitante, servile et aplati devant la toute puissance paternelle, me raconta comment il s'était cassé quatre côtes et le bras droit :

" Victor, il faut couper la branche du pommier qui passe chez le voisin.


J’ai dit oui papa. J'ai dit  oui papa.


Je suis monté dans l’arbre, j’ai scié la branche, Et je suis tombé comme ça,
fit-il en levant au ciel ses deux grands bras qui touchaient presque le plafond.

 Je voyais sa pomme d’Adam qui montait et descendait.

 J’avais à la fois pitié et envie de rire.


Alors papa a pris la brouette, j’avais mal, il m'a dit de m’y asseoir et il m’a reconduit à la maison. Je crois que ça s’est remis maintenant. Mais j'avais mal. "

 

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 Victor avait bien entendu scié la branche sur laquelle il était assis. On croit que cela n’arrive que dans les histoires drôles. Non, cela arrive aussi dans les histoires tragiques de la vie. Jusqu’à la mort de ses parents, Victor fut la bonne, le chauffeur et le jardinier, puis, le garde malade.


Catherine partit, suivie dans le mois par Louis.

 Cécile fut prévenue par Henri-Pierre, qui avait installé une galerie d'art  rue Bonaparte, à Paris et qui vivait avec Fabien depuis  vingt deux ans.

 

 

 Edouard Lorrin avait pris les rênes de l’héritage, marié à une cousine, il était déjà quatre fois père et régentait les biens de mains de maître.

 

 

 Cécile , Mère Marie Raphaëlle, vint, ombre sombre, qui avait obtenu de la Supérieure l’exceptionnelle permission de sortie.

 Elle  sourit à Victor, qui ne savait qui elle était. Elle l’entoura de ses bras en ailes protectrices, et le ramena au Carmel.

 Il y finit ses jours comme jardinier,  ombre parmi les ombres, entouré de la première affection de  sa vie, serein,  calme, dérangé et gentil.

 

Le monsieur sur le banc ( texte intégral )

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 Envie  de  repasser par l'avenue au banc....

 __________________

Je suis passée devant ce banc de pierre pendant  bien des années.

 

Au bas de notre rue, ombragé,il accueillait chaque matin un pain de glace à nous destiné et déposé par un livreur  "glace et bois" , suivant les saisons.

 Mon père se chargeait d'aller le récupérer afin que fonctionnât notre glacière domestique ,un pas déjà dans la modernité, mais encore bien loin des agréments du réfrigérateur.

 Le pain était enveloppé dans un sac à charbon en jute ,râpeux , et je revois mon père le hissant sur son épaule ,la glace  déjà avait un peu fondu

et de grosses larmes tombaient sur le dos de Papa.

Le banc  faisait partie de la famille; on disait : le banc , comme on disait le voisin . Quand j'ai intégré l'école , Maman s'est fait un devoir de m'y accompagner, de revenir me chercher pour le déjeuner , de repartir avec moi avant une heure et demi et , toujours fidèle , elle m'attendait à la sortie de quatre heures . Cela a duré jusqu'à ce que je prenne mon envol , et que je parte seule .

C'était formidable :

nous habitions en ville et le trajet me permettait

chaque jour d'approfondir ma connaissance du quartier . Une dame qui demeurait assez près de chez nous , m'intriguait  particulièrement. Elle était remailleuse , et quand il faisait bon , ouvrait tout grand la porte de sa petite maison et s'installait au soleil , penchée sur un œuf de bois qu'elle avait enfilé à l'intérieur d'un bas pour en rattraper les mailles. C'était un travail de patience, pas cher payé, et qui lui épuisait la vue.

Plus bas , c'était la peur qui me prenait quand je longeais le noir établissement de la Mère Banos, comme tout le monde l'appelait ; elle avait de la sorcière le nez crochu  , et me procurait des suées ; assise sur une mauvaise chaise , au fond de sa cour noire, presque sous le auvent du hangar , elle surveillait les allées et venues de son gendre  qui chargeait la plate-forme du vieux camion  de ses sacs de charbon. Quand elle ne restait pas ainsi à l'épier , elle s'occupait de la comptabilité de la maison dans une petite pièce cafardeuse et sombre , envahie de suie et de poussière ; elle y griffonnait les factures au crayon à papier et les délivrait avec cérémonie aux clients en ajoutant trois mots sur la qualité des boulets ou de l'anthracite.

Il y avait encore , pas loin avant d'arriver à l'école, un grossiste en vin : du fond du magasin s'épanouissaient de violentes effluves d'alcool , ou de vinaigre. Je passais vite , agressée par les odeurs âcres  qui me piquaient les yeux .

Plus bas encore, un marchand d'oiseaux, de graines et de bulbes . C'était excitant et charmant : les canaris , les perruches, parfois un perroquet inattendu , des caquètements et les sifflements qui m'appelaient et me poursuivaient jusqu'à l'entrée de l'école . J'aimais, au retour,  traîner devant la vitrine , renifler les parfums des graines sèches et des cacas d'oiseaux . 

La rue n'avait aucun secret pour moi, derrière chaque porte dépassée , je savais une histoire, une présence.

Mais revenons au banc.

Quand je rentrais à la maison , je m'accordais toujours une halte sur le banc. Derrière lui s'ouvrait le jardin féérique de trois dames , sœurs et vieilles filles, portant tenues noires et distinguées et qui, jadis, avaient dirigé une école privée . Elles m'impressionnaient beaucoup, ces maîtresses d'un autre âge, et leur jardin - fouilli me fascinait. D'ailleurs, avec des camarades-voisins du quartier , nous en  avons tenté parfois la traversée , en cachette des chapeaux qui s'agitaient quand du bruit s'élevait des fourrés.

Le banc était un formidable lieu de vigie sur le jardin. Grimpée sur la pierre, je montais sur la pointe de mes petits pieds  pour regarder par dessus les bosquets , lorgnant une pièce éclairée de la grande maison , repérant   quelques nouveautés fleuries plantées  pour la saison nouvelle.

Le banc était à nous, c'était chasse gardée , jusqu'au jour ...

...jusqu'au jour où , en revenant de l'école, je vis du plus loin du bas de la côte , je vis sur le banc, une silhouette assise. Le banc était occupé, pris d'assaut sans doute car je l'avais cru, jusqu'à cet instant   ma conquête définitive .

Qui donc avait pu enfreindre le règlement que j'avais imposé? 

Quand j'arrivais à lui, le banc était bel et bien occupé. 

 Le banc était à moi, il n'y avait jamais eu de dérogation à la règle et voilà que tout à coup, m'apparaissait l'impensable : le banc était public  !  et sur lui, je n'avais aucun droit .

La tête basse , le dos voûté, accablée par la révélation , je changeais de trottoir, et passais en face du banc , non sans lorgner avec hargne vers l'occupant.

C'était un monsieur, très vieux me semblait-il . Il portait un imperméable beige qui recouvrait largement ses jambes  et ses genoux qu'il tenait serrés, sur la tête, un béret noir, posé un peu sur le côté. Maigre, ça c'était  sûr, et vraiment très vieux , pour le peu que j'en vis .

Dans mon tablier à carreaux roses et verts, j'allongeais le pas , le cœur gonflé d'amertume , pas de banc , pas de jardin des demoiselles ce soir !

Je me contentai ce soir là d'une bouderie solitaire sur  la murette de notre  jardin.

C'est avec une pointe d'appréhension que le lendemain , je pris le chemin de la maison  en quittant l'école .



Et mon appréhension se  fit colère quand je vis , depuis le bas de la côte , le banc à nouveau occupé,


Bien décidée à ne pas tolérer cette invasion , je restais sur le bon trottoir et arrivais à la hauteur de l'ennemi.

Non seulement  il s'était assis au beau milieu , interdisant à qui que ce soit de prendre place , mais encore, à son côté  , il avait posé un cabas de toile noire qui complétait la possession qui avait faite du banc .

Je ralentis le pas , et à sa hauteur , je m'arrêtai presque en passant ; je vis alors deux yeux bleus se planter dans les miens, avec arrogance et détermination . Il était bien dit qu'il ne me laisserait point monter sur le banc .

Pourquoi,de sa part, un tel acharnement à m'interdir mon petit plaisir quotidien ?

M'avait-il guettée pour ainsi savoir  par avance qu'il me ferait du mal en agissant ainsi ?

 

 Pourquoi ?

Toujours est-il que ce soir-là , je ne touchai pas au dîner , soupe et pain perdu . On prit ma température , on me posa maintes questions sur le malaise qui transpirait , disait-on , de toute ma personne, mais je ne racontai rien, bien décidée à me battre dès demain pour reprendre mes prérogatives sur le banc. Mais demain, c'était jeudi, point d'école j'attendis donc vendredi .

Pas  de crainte, pas de surprise , je savais déjà ce qu'il adviendrait en cette fin d'après-midi de vendredi : le monsieur était assis sur le banc, mais le cabas était à  ses pieds et sur le banc , à son côté, il avait installé un journal grand ouvert , et je vis du vert , de la salade ! posée sur le journal . Il n'en fallut pas davantage pour que , cette fois-ci, je m'arrête , bien en face de lui .

Les deux yeux se plantèrent dans mes yeux ;

je ne soutins pas son regard, car j'avais tout coup aperçu, à demi dissimulée sous la salade, une tortue, large et brune.

 

 

"Mon petit chat , il faut bien que je la  sorte pour prendre l'air , c'est pas une vie pour une tortue de passer son temps dans l'appartement !"

Et en plus , il m'appelait son petit chat ! C'en était trop, lui , le sac , la tortue qui avançait sa tête de reptile vers la main qu'il lui tendait !

Le manège dura jusqu'au mardi suivant , il était convenu entre moi et moi que je ne lui adresserai pas la parole .



A l'heure sacrée de ma visite au banc , il était là , avec son horrible bestiole , insensible à ma peine de ne pouvoir monter sur le banc pour épier le jardin des demoiselles ! Je ne savais plus rien de ce qui se tramait dans les allées ombreuses du jardin, je n'avais plus aperçu les vieilles maîtresses depuis ...? peut-être étaient -elles mortes ? Je ne pouvais plus veiller sur elles, et me sentais déposséder de mon devoir de garde .

Le mardi, depuis le bas de la côte, je découvris , ô bienheureuse  vision  ! que, sur  le banc, personne n'était assis.

J'accélérai mon pas, et, stupéfaite, je trouvai le journal, la salade, la tortue !



Inutile de vous dire que je cherchais autour de moi le monsieur, les yeux bleus. Rien n'apparut ; la tortue seule , la tête rentrée dans les épaules, toute en boule fermée . La salade avait vu le soleil , fanée. Personne.

Désemparée , embarrassée , je constatais.

Le soir, pour la première fois , au dîner , je parlais du monsieur sur le banc, les yeux bleus , la tortue, toute seule .

"Papa , va voir, elle y est peut-être encore ?  Elle va tomber du banc , Papa va voir !"

Mon père se rendit à ma demande , et alla jusqu'au banc . Il trouva la tortue , toute refermée , la salade flétrie. Il ramena le tout  dans le  journal replié.

 

Je ne revis jamais le monsieur, les yeux bleus .

Nous avons baptisé la tortue " La Tortue " , installée dans le jardin  , elle vécut longtemps, longtemps, sans rien dire  à qui que ce soit du monsieur aux yeux bleus.

 

EPILOGUE

 

Bien des années se sont écoulées. J'ai quitté l'école, fréquenté le lycée , puis je suis partie en faculté, j'ai laissé derrière moi la ville de mon enfance. J'y reviens souvent pour y voir mes parents. La glacière , le banc, la tortue, le pain perdu, la sorcière et la remailleuse. Tout a changé , disparu .

Et il y a quelques jours, j'ai lu un article étonnant: un ancien militaire de l'armée allemande était décédé en 1957;
son histoire était contée dans ces lignes ;

 à la fin de la guerre, il fut fait prisonnier , puis libéré.

 

 

Il se refusa à rentrer en Allemagne pour  retrouver son poste de professeur de biologie  à l'Université de Dresde,

Un des bâtiments de l'Université de DRESDEN

et choisit A... où il avait séjourné comme occupant .

 La ville l'avait séduit, il s'était installé dans un  appartement au premier étage  d'une petite villa dans la côte de l'avenue Gambetta.

A sa mort, on découvrit son journal   manuscrit relatant son expérience de la guerre, ses réflexions, ses pensées, d'une haute valeur morale et philosophique , des essais, des poèmes, et il  allait être publié de manière posthume par quelque éditeur éclairé.

On y apprenait que, vers la fin de sa vie, se sachant malade et condamné, il avait remarqué une petite fille qui jouait en fin d'après-midi sur un banc,

 juste en face de chez lui. Il en avait fait son héritière et lui avait légué sa tortue, pour qu'elle ne mourut point , une fois lui disparu.

 

 



*

 

 

 

 

 

Le filon d'Alban ( 2° partie )

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La vieille allemande devant le Commerce

baillait de tout son coffre largement ouvert,

dans lequel Alban ,quittant la chaise cannée, venait régulièrement plonger.


Qu'y cherchait-il fébrilement ?


On voyait alors son postérieur  long et étroit

qui seul émergeait du coffre,

les boucles grises, elles, pendaient vers quelque secret.

 

Puis il réapparaissait,revenait à sa chaise,

rajustait ses lunettes,et d'une main leste ,

griffonnait  les feuilles volantes

qui jonchaient la table de marbre noir.

 

Oui, Alban avait trouvé Le Filon.

 

 


Jamais personne ne l'avait vu pratiquer

 

                     autre chose que ce qu'il faisaitmaintenant.

C'est à dire , RIENet pourtant...

Alban détenteur en bonne et due forme

de sa thèse de médecine soutenue en l'an de grâce 19 et des,

s'était toujours refuséà quelque exercice que ce soit.

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Les foies, cervelle et boyauxde ses concitoyens

le fascinaient intellectuellement.

Pour lui ,comme leurs vessies, les organes,

leurs maladies,leurs thérapeutiques

resteraient à tout jamais magiques,

des lanternes qui l'éclairaient,

mais auxquelles il craignit de se brûler

et dont il  restadéfinitivement étranger.


Il leur préféra la vie de bohème

dont il partageait la passionavec Marinette.


Point d'attache professionnelle, 
point de contrainte,

mais l'argent, Alban ?

L'argent !

europile.jpg

Il faut bien entretenir ton cheptel .


Alban,

après deux tentatives de remplacement

de médecin de campagne dans les  Deux Sèvres puis le nord Gironde,

avait donc rayé de son avenirtoute ambition médicale,

voire toute ambition tout court.

D'ailleurs,

bien qu'il se défendît mollement de trouver

encore un intérêt intellectuel à la médecine, il s'en tenait tellement éloigné,

même pour lui et les siens, que l'on doutait

de la moindre parcelle de sincéritédans ce qu'il avançait.


Car la vérité ,
c'est qu'Alban était

le plus paresseux des individus, nonchalant,flegmatique,

au demeurant pas antipathique, mais franchement étrange.

A se demandercomment il avait réussi à fournir

l'énergie nécessaire aux études de médecine.

Cependant,sois en  assuré,lecteur,

il possédait bel et bien  ses diplômes

et avait en poche thèse soutenue en la faculté de Bordeaux.

Alors ?...

Que farfouillait-il doncdans le coffre de sa vieille voiture ?

(à suivre )

*

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*

 

Arcachon, février 1956 : La neige, il y a 60 ans

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C'était il y a  60 ans...février ,jours pour  jours...

__________

 

 

Pas d'école en ce jeudi, ciel bas et terne,

lumière tirant sur le jaune.


Je ne connaissais pas,

habituée que j'étais à la clarté lumineuse

du bassin d'Arcachon, aux grisés bleus de l'hiver 

calme et doux

sur les grèves atlantiques.


Ce jeudi là, tout était différent

les premiers flocons voltigèrent

vers midi,

légers,

légers,

inhabituels sur mon coin d'océan.

Légers,

légers,

légers,

puis plus denses,

serrés,

prenant du poids et des rondeurs,

de plus en plus palpables.

Le nez collé à la verrière du studio,

comme on appelait ce petit salon donnant à l'est,

tout vitré,

je regardais ma première vraie neige,

espérant secrètement qu'elle ne s'arrêterait jamais.

Jamais,

je priais au fond de moi,

car la prière c'est l'avenir au présent,

je n'osais le dire car mon papa montrait

 des signes d'énervement,

semblait contrariépar cette atmosphère nouvelle.


Toujours pessimiste, il imaginait déjà quelque catastrophe.


La neige continuait,

continua,

et l'après midi,

et la soirée, .

Vers 17 heures,

un ami médecin dérapa dans la côte de notre rue,

 et sa voiture s'immobilisa

le nez dans un réverbère, juste devant chez nous.

« Bah, je la récupèrerai demain.

Surveille - la »   lança-t-il goguenard à papa  .

 

Le dîner fut électrique.

Maman "très enceinte" comme je disais,

ne pouvait calmer mon excitation,

j'allais et venais de fenêtres en verrière .

La nuit , bleu marine,

était scintillante de ces mouches blanches qui commençaient à imprimer

leur graphisme sur ma rétine.Je ne voyais plus qu'elles.

Le coucher fut tardif.


Il neigeait .

Au matin, il me fut annoncé qu'il n'y aurait pas école.


Derrière les vitres, 

le spectacle le plus incroyable m'attendait.

 

avenue gambetta depuis la terrasse de la maison 02 1956.jpg

l'avenue Gambetta, notre rue

depuis la terrasse de notre maison

Photo Jean Cottard

*


Le jardin n'existait plus,nivelé, englouti,

la chaudière à charbon ne tirait pas,

comme étouffée par l'atmosphère sans vent, enserrante.

Il faisait froid dans la maison,

mais mon cœur battait d'une brûlante chamade.

Il neigea tout le vendredi.


Au matin du samedi,

la ville n'était plus qu'un gigantesque champ uniforme,

d'une blancheur qui m'était inconnue.

*

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cours Lamarque
medium_av_gambetta_ski.jpg 
avenue  Gambetta, devant le garage  Dufourc
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angle rue du Casino /cours Lamarque

*

 

Si j'avais dû la comparer à des sons,

je l'aurais qualifié de « stridente » 

aussi insupportable aux oreilles qu'elle l'était

à mon regard

Trop brillante, trop ardente,.

La voiture de l'ami Gilles avait disparu sous

une gangue glacée.

hiver arc 56.jpg
   Elle resterait trois semaines au même endroit,

car pendant plus de 20 jours,

nous connûmes un froid sibérien : tuyaux d'eau gelés,

il fallait remplir de neige la baignoire pour récupérer

de l'eau ,

la faire bouillir...Pénurie de charbon.

J'ai usé un petit balai de paille pour  le simple plaisir

de déblayer la neige des marches

qui descendaient au jardin.

Nous, les enfants,si heureux de ce cadeau du ciel,

nous dévalions l'avenue Gambetta

avec des  cartons en guise de luges;

et  pour les grands, l'école reprit, bon an mal an.

Je conserve un souvenir extraordinaire ?

celui de mon père chaussant ses skis de bois ,pour,

 avec un ami du quartier,

effectuer la descente vers le centre ville

le premier matin de paralysie,

histoire de remonter pain et lait à des Arcachonnais

bloqués dans leurs  maisons

totalement inadaptées à ce climat.

Le bassin charriait de la glace,

les arbres s'effondraient sous le poids ,

vous pouvez ne pas me croire,mais de mes souvenirs,

il demeure des traces photographiques.

*

medium_le_bassin_pris_ds_les_glaces.jpg
le bassin charrie de la glace  entre les pinasses
 
medium_devant_st_Yves_bd_de_la_plage.jpg
boulevard de la Plage
vers  Saint Yves
 
medium_balcon_pharmacie_1°_étage.jpg
 depuis  le balcon de la pharmacie Ardouin
rue du Casino
au fond, le Casino  Mauresque  qui  brûla en 1977
 
 Casino mauresque arcachon.jpg
 

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 avenue Gambetta pharmacie    Fleury 

vue du balcon de l'étude   de mon grand père

medium_2_cv_règlementaire.jpg
devant la mairie
 
medium_hôtel_richelieu_et_café_repetto_place_thiers.jpg
place Thiers

*

Photos incroyables, (Léo Neveu ) collection personnelle

et celles que Noël Courtaigne,

passionné des vieux clichés d'Arcachon

m'a autorisé à publier.(coll Ardouin )

et des photos personnelles

dues à l'objectif de mon papa.

 

Authentique souvenir d'enfance,de ceux qui vous laissent

un goût de conteet d'irréel.

*

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Tonton Robert déneige place Thiers
 
 
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 boulevard de la Plage

 

arcachon,bassin d'arcachon,neige,hiver,fevrier 1956,blanc,photo,noir  et blanc,leo neveu,jean cottard,robert fleury,exceptionnel,avenue gambetta!,anniversaire,la dépêche  du bassin

Gaby devant le Club

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l'Hôtel de France, boulevard   de la Plage,

aujourd'hui disparu

clin  d'œil à Monsieur Bernadac, à Jeanine.

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Le Café Thiers, ancien Repetto

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La connerie mise à nu

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            Je dédie   cette note au jardin de Dédé et d'Annie 

 RSS feed  André le Bigourdan

aux fruits merveilleux croqués  sous l'arbre, nimbés de 

soleil, gorgés  de la chaleur du jour, fasse que tous les

enfants connaissent un jour, toujours !  ces bonheurs

éphémères  et pourtant immortels en nos mémoires ,

en nos  amitiés.

cosommation,consummérisme,légumes,fruits,grandes  surfaces,honte,pré  pelés

_________

 

     On a  fait la Cop 21 ,

 

on  nous  gave  de  bonnes intentions, et voilà le travail  !

 

Vous en verrez   dans  toutes les grandes  surfaces, 

légumes pré pelés,    fruits  épluchés et découpés,

 

( bientôt pré digérés ? )

 

sans  compter les  emballages .......................

 

Nos  enfants  ne connaissent plus  la  forme des poissons,

 

pour eux, ils sont tous  rectangulaires et panés, 

 

bientôt, ils ne  sauront plus  fendre  d'un coup de 

quenotte la peau acidulée  de l'orange,  de la mandarine,

arracher  cette enveloppe quasi  charnelle  d'où

giclent  jusqu'aux  yeux quelques  gouttes piquantes,

délicatement retirer les membranes blanchâtres, juste

pour le plaisir  de  déshabiller le fruit , démembrer les

quartiers  translucides pour croquer dans le soleil et

laisser s'écouler au fond de leurs gorges gourmandes le

bonheur sucré ?

 

 

Comment peut-on autoriser   ça ?

 

 

 La connerie    consommatrice  est  sans  limites.

 

la connerie  toute  nue.jpg

 Comme c'est aussi le printemps des poètes, profitons-en 

pour retrouver le chemin du verger, des vrais fruits :

 

Le banc serait de lierre et de pierre effritée.
Auprès du vieux parterre où de tristes ricins
Ombrageraient la poule et ses petits poussins
Je vous dorloterais, ô mon enfant gâtée.
Les roses cerisiers à l’écorce argentée,
Dont les fruits sont pareils aux coraux abyssins,
Pleurant leurs larmes d’or au-dessus des fusains,
Nous diraient la chanson des moineaux enchantée.
Et je vous cueillerais sur ces frais cerisiers
Des cerises qu’un brin de bois lierait pareilles
Pour vous les mettre ainsi que des pendants d’oreilles :

Et, me baissant un peu pour que vous me baisiez
Au front, je vous rendrais dans vos cheveux en boucles
Vos baisers,en mordant vos rouges escarboucles.

                                                      Francis Jammes

 

Les vacances , Helconide et sa tribu

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Une aventure d'Helconide  Rendez-vous au Parc - Parc national des Calanques

 

                    Organiser l'été des enfants ?

          Tuant, horripilant, démoralisant,  exténuant .

 Il faut les occuper, penser pour eux, organiser, prévoir, amuser, divertir, sortir, veiller à les éloigner  des écrans,  source  de félicité  moderne, mais  les faire bouger, respirer, voir autre chose, ailleurs, mes parents disaient bien  que l'été , c'est fait pour ça, alors , je dis pareil.   

      Fin février, on commence  à y penser sérieux.

 A peine remise des obligations des fêtes  de fin  d'année, à peine rangées toutes les affaires  de ski, lavés, les sacs  de couchage, nettoyées les godasses, plié le linge adequat jusqu'à l'hiver prochain, je me colle à l'organisation des vacances des chers bambins, qui n'en sont plus  vraiment.

 On  sait  que pour la Toussaint  le programme est  familial - serré, nous 6 , rien  que nous en Normandie,

 une vraie semaine de complicité, de partage, crevante, exigeante , exaltante   et sublime semaine que nous adorons, mais les enfants n'en sont plus, réclament maintenant leus vacances, leurs plaisirs, leurs amis,et qui doit  faire, organiser? moi bien sûr.

 

  Entre  temps,  il y aura   Pâques , en Bourgogne, on adore , là, c'est rituel et réglé, départ collectif  des  quatre chez  Papito et Mamita, trop heureux, disent -ils de récupérer leur petite - progéniture pour  10 jours.

 

 Et moi donc...

Et chaque année, c'est pareil, je me  promets  de penser à moi, de débrayer, et  à chaque fois, l'idée obsédante des deux mois d'été me prend aux tripes. Ça  y est,  début  avril,  je commence  à  flipper.

 

  J'ai déjà commencé  à  consulter  les offres et propositions des catalogues  de colos, de camps, d'activités, et même cette année  j'ai plongé dans les voyages linguistiques au long cours, 3 , 4, 6 mois, en immersion totale, loin du berceau, des doudous, des parents, avec l'impossibilité de communiquer en Français, on garantit qu'ils reviennent parfaitement bilingues.

 C'est tentant.( Je n'ai pas encore bien réalisé qu'en échange, il y aura, Franzy, , Pia, , Angus...pour autant  de   temps à la maison, on avisera le moment  venu ...)

  Je m'engouffre dans la brèche, je contacte, je note, j'évalue, j'en parle  .

 

   Pour l'aîné  , c'est pas  gagné :

l'idée  de   3 mois  Outre Manche, pour  soigner son 6 de moyenne annuelle en  fin  de Première  est bien loin  de l'enthousiasmer. C'était sans compter avec Benoît, le meilleur pote, qui, lui, part en Angleterre pour  6 mois. Du coup, Emmanuel se prend illico presto  d'un frénétique "à nous les petites Anglaises " et en deux coups  de cuillère  à pot, l'affaire est réglée; il part de mi  juillet à fin septembre . Yorkshire Dales campagne

                               Ouf ! et d'un !

 

 Le deuxième, ce  sera beaucoup plus simple :

fou de montagne,  d'escalade, caressant du haut  de  ses quinze ans,  le beau projet de devenir berger l'été et chirurgien l'hiver , il passera  un mois avec son parrain Etienne  , le berger aux 400 brebis , comme l'an dernier , dans les estives, à crapahuter, et chasser le "dahu menaçant", à découvrir la rude  vie  du berger: il adore et en redemande  depuis sa première expérience  .

  Etienne  ramène ensuite Augustin dans la vallée, où il poursuivra  l'été avec les trois filles du berger , partageant son temps entre randos, jours d'escalade, bivouac. Pour lui, le bonheur assuré.

 

  Restent les jumeaux : alors , là, pas simple.

 Ils sont inséparables,

 enfin, presque, ...

 mais  ne font rien en commun.  Normal, un garçon, une fille.

 Des muscles et de la douceur.

 

Oui, mais pas dans cet ordre :

  Luc, c'est  bouquins, photo, dessins,  cette année sans doute première tentative d'aquarelle, il ne veut pas  s'éloigner   de la maison ,  de son nid, et de sa prof de peinture qui sera là tout l'été. Nous respectons son désir, son désir aussi de  solitude.

 Marie, elle, c'est  des coups , des plaies et des bosses,

 club de rugby pour filles,  course à pieds, escalade , accrobranche, via ferrata, ...vacances,organisation,clé,famille

 Une  chance  folle pour cet été, une belle soeur prend avec eux la terreur du muscle, pour un mois et demi dans sa propre famille en Suisse. Réunion  de cousins-cousines, pour Marie , l'idéal.

 

  Les choses se mettent bien en place. Pour la rentrée  on avisera.


12 juillet :      Luc a pris ses quartiers d'été, Marie, est partie vers l'Helvétie heureuse,    Augustin a rejoint les estives  des hautes vallées , et nous sommes dans les affres du départ d'Emmanuel.

 Nonchalant, plus qu'ado, il traîne,  et attend  que je fasse sa valise, après avoir montré le maximum  de mauvaise  volonté, jetant pêle - mêle  les tennis crades, les slips, sans  vérifier leur état, les bouquins, des tee shirts  sales, ses Cd, ses romans policiers... Bref, me poussant à mettre mon nez là où je m'étais promis  de  ne pas intervenir.

 Enfin en cette soirée du 13 , nous l'accompagnons à l'aéroport d'où il s'envole, avec Benoît ,  pour trois mois dans la campagne  du  Yorkshire.

 

 Nous regardons  s'envoler notre grand, avec au coeur  cet étrange partage de pincement et de "ouf ", que tous les parents connaissent un jour ou l'autre.

 

  Le 15 , en fin de matinée, je reviens du marché, bien plus légère que  de  coutume , car de six nous ne sommes plus  que trois à partager les repas .

  Rituel suspendu le temps d'un 14 juillet férié, j'ouvre la boîte à lettres. 

 

  Ou plutôt, je voudrais bien ouvrir la boîte à lettres, quand je réalise, que sur mon trousseau, il n'y a pas la clé de la boîte à lettres.

Et que la clé de la boîte à lettres, elle est sur le porte clés d'Emmanuel...

 Et qu'Emmanuel, il est parti avec son trousseau  et avec la clé  de la boîte à lettres...car seule clé  ayant échappé à la perte subie par  les autres exemplaires  de la famille,  celle d'Emmanuel lui accorde d'avoir la charge de relever tous les jours le courrier.

  Et qu'Emmanuel, bien sûr, il a oublié  de la laisser, et que moi, bien sûr, je n'y ai pas pensé, et que Louis, le  père n'a pa réagi non plus. Et que , la clé, et bien, elle est dans le Yorkshire...

 

  Le soir même, long échange téléphonique  en Anglais avec les correspondants d'Emmanuel ; le règlement est strict, nous ne pouvons pas lui parler en Français. Nous expliquons et nous entendons le père  d'Angus prononcer cette ultime  phrase, avant   de raccrocher :

 

 " Keep  cool,  il s'en est aperçu, nous vous l'avons renvoyée par lettre." ......

(traduction assurée par l'auteur, moins les hurlements............................ )

Photo d'un trousseau de clés d'intendant de collège

 

 

 

 

 

 

 

Un amour cévenol

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Comme beaucoup de Cévenols,

 

 ils s’étaient aperçus au Culte.

On ne se disait rien.

 

 Violaine baissait les yeux, raide et stricte huguenote,

 héritière des Camisards du Désert, mais sous son air fermé,elle dissimulait mal son penchantpour le solide et grand roux,  Martin, de quelques mois son cadet.

 

Après le culte, on passait parfois chez les uns chez les autres,Martin  y croisa Violaine, la trouva digne, belle, d’une beauté grave et durable,sa foi lui donnait une certitude,  un maintien jamais démenti .

*

 

On ne quitte pas la Lozère :

 

 en Cévennes, on naît, on fait souche. Et d’ailleurs, aller où et pourquoi ?

*

*

Violaine et Martin se parlèrent,  se touchèrent du bout des yeux et se marièrent,union  grave  devant le Pasteur,sous les psaumes luthériensque si  parfaitement entonna tout le pays.

 

Une chambre leur fut attribuéechez les parents de Violaine,  en attendant.

 

C’est là que leur  amour consacrés’épanouit  en silence, sous le boisseau :  pas de cri,pas de soupir,mais  une passion muette pour ne pas déranger.

 Martin  fougueux,homme de la terre, accroché à ses pierres,  à sa religion, rude, intransigeant avec lui-mêmeet plus tolérant avec les autres,  Violaine éblouie par le don d’amour.

 A la naissance de Jeanne,la décision fut prise par Martin,  de la construction de la maison.

Un  vallon ombreux,   châtaigniers, pierres sur pierres, granit et gel,   aride été,  et  passent les jours :

la maison prit corps,trois larges pièces carrelées,  en bas,  la cheminée vaste et profonde,prête à accueillir le bois le plus robuste pour affronter les longs hivers cévenols,

 A l’étage trois chambres chaulées,  la salle de bains,

 entièrement conçue par Martin.

Du beau travail, jusqu’au toit qu’il réalisa.

L’électricité et la plomberie,tout de ses mains d’homme habile et rigoureux.

 Quand Violaine attendit son second enfant,la maison s’acheva.

Le premier dîner, ensemble,tous trois autour de la table familiale,  enfin,  Jeanne sautant,courant, riant,

 plus sévère Violaine, le ventre lourd d’amour,

 un peu lasse des années d’errance entre  ses parentset le beau pèrequi les avaient accueillis depuis leur mariage.

*

*

 

 Une vie qui s’annonçait,dehors les prémices de l’automne en ce mois  d’octobre ;l’hiver pouvait venir, soudés tous trois,bientôt quatre,au cœur de janvier,  rien ne pouvait plus arriver,que du bon, que du solide.

 A quatre enjambées du village, la maison regardait à l’ouest,et à ses pieds,une pente caillouteuse dévalait jusqu’à la rivière,  petit bras du Gardon ; sous les étoiles, on l’entendait .

 

Ses eaux  parfois gonflées de  quelque orageavaient bercé les nuits passées à clouer, poncer, bâtir, encore et encore.

*

*

Martin travaillait le jour  comme cantonnier,le soir, la nuit, en partie,il quittait femme,fille et famille accueillante pour avancer l’ouvrage.

 Au petit matin,il se coulait silencieusement au côté de Violaine, il trouva la force  de lui faire  deux enfants, puis écrasé, la face contre le traversin,s’endormait pesamment quelques heures.

 

 Et passent les jours.

 Ce soir d’octobre,Violaine servit le premier repas dans la maison.

 L’attente, plus longue  qu’une gestation,  avait demandé patience, sacrifice,Martin était calme, peu enclin à l’auto satisfaction, peu causant, mais là, toujours là. 

 « Je sors un peu »

 Il enfonça son large feutre marron,caressa au passage d’un tendre gestela rousse chevelure de Jeanne.

Il regarda Violaine avec ces doux yeuxqui la faisaient chavirer.       « Je sors un peu  »

 

Il ne rentra point.

Quand la  minuit  fut entamée,Violaine se décida,elle s’assura du sommeil de Jeanneet  remonta vers le village jusqu’à la maison de Gérault,  son beau-frère, le cadet de Martin .

Arrivée devant la porte cloutée,elle hésita puis frappa  avec le marteau   par deux fois, lourdement, comme d’accoutumée.

 Elle recommença.  A trois  reprises.

 

Puis elle raconta,sans s’appesantir, mais elle raconta surtout son angoisse.

Ils repartirent vers la maison neuve,Jeanne seule, l’angoisse.

 

Gerault alors parla : 

Non, il ne rentrerait pas, non.

Pas ce soir, peut-être jamais.Martin avait rejoint Maria.Depuis des mois,et des mois,il vivait sur deux rives,  sans jamais défaillirni avec l’une ni avec l’autre.

Maria n’avait rien demandé,s’était contentée patiemment des bribes de passionque Martin lui offrait,dans sa caselle en schiste,sa baraque de cantonnier,entre deux murs à élever,il fallait construite la maison,  avant,  avant,il le devait.

 

 

 

 

   Mais quand l’autre ventre s’arrondit,  en même temps que celui de Violaine,il trancha avec lui-même,il trancha dans son vif et partit.

« Je sors un peu » 

 

« Non Violaine, il ne rentrera pas. »…  

 

 

                                                 Pau le  6 août2008

documents iconographiques:

Lozère Online - Le guide des Cévennes au Gévaudan

 

 

Une égérie arcachonnaise

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C’est en 19 . . .  que Pauline Marchicourt,

 

 lassée de la vie parisienne,

pose définitivement ses malles à Arcachon.

 


Il faut lui reconnaître que ses dix dernières années dans la capitale

 

comblées d’honneurs, de rencontres,

 

d’évènements tous plus festifs les uns que les autres,

 

 lui avaient donné à penser sur la vanité de l’existence.

*

*

 

*

 


Elle arriva donc  anonymement au bord du bassin,

 

 bien décidée à se tenir éloignée

 

du ramdam du Tout Paris

 

avec lequel elle s’était décidé à couper définitivement..

*

*

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*


C’était sans compter avec les  amis

 

qui la retrouvèrent,

 

dans sa petite maison de l’arrière Moulleau,

 

 avenue Saint François Xavier,

 

 et qui aussitôt, s’invitèrent pour y renouveler

 

les facéties et fêtes parisiennes.

 


Mais Pauline tint bon et éconduisit les importuns.

 

…Quelques temps.

 


Quand Marcelle Chantal,

 

qui avait acquis une belle et discrète  propriété au Pyla

 

découvrit que Pauline était à deux pas de chez elle,

 

 elle ne fit ni une ni deux, et débarqua.

*

*

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*

Marcelle Chantal

*

 

 


Pauline dut vite renoncer à sa paix provinciale

 

 et c’est ainsi qu’elle devint l’égérie des soirées,

 

et des après midis arcachonnais.

 

 

Après midis, oui,

 

 car Marcelle lui fit découvrir en premier

 

 les charmes de la pâtisserie Foulon.


On allait en bande y prendre le thé

 

 et savourer les exquis  sandwiches

 

 en pain de mie triangulaires et miniatures ,

 

 fourrés de crabe, de mousse de foie gras,

 

qui convenaient à toutes les heures du jour et de la nuit.

*

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*

*

 


Pauline alla rapidement fureter dans les cuisines

 

où Odette l’introduisit.


C’est ainsi qu’elle confia au chef la recette,

 

 « sa » recette

 

de la longue  tarte feuilletée  aux framboises.

 


Foulon en fit son  chef d’œuvre,

 

 en vendit des kilomètres,

 

et cacha  toujours l’origine de  sa recette.

 


C’était Pauline Marchicourt.

 

Aujourd’hui, on le sait.

 

 

Plus personne ne faisait quoi que ce soit

 

 en Arcachon sans en avoir au préalable parlé à Pauline.

 


Elle commentait,

 

 ajoutait son grain de sel,

 

 se faisait Maître de Cérémonie,

 

muse, attendait, l’oreille baissée,

 

 qu’on ait terminé de parler

 

pour prononcer son verdict…

 

 

Pierre Benoît qui trouva  gîte et couvert

 

chez Maurice et Odette,

 

s’enquit de Pauline

 

 et vint la rencontrer.

 

Elle lui suggéra quelque visite à l’île Verte,

 

au  nord  Gironde pour peaufiner  ses informations

 

avant que de rédiger son roman éponyme.

 


On dit même qu’elle l’y accompagna.

 


Il lui en  sut gré, et pour la remercier,

 

 s’installa toute une saison chez elle.

 

Car pour lui, sa présence était un honneur qu’il faisait à autrui…

 

Pierre Benoit - Wikipédia

-

*

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*

 

 

Pierre Fresnay, avec Yvonne Printemps,

 

 vint passer  une autre  discrète saison sur les rivages du bassin,

 

 et quand il sut que Pauline y résidait,

 

 il la débusqua,

 

 et la convint à de  délicieuses  soirées en leur compagnie.

*

 

Pierre Fresnay - Wikipédia

 

*

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*

 

Très vite, elle leur devint indispensable,

 

elle était de tous les dîners, gaie,

 

 incollable sur tout et  tous ;

 

 elle dévoilait gentiment les petits travers

 

qu’elle avait notés chez l’un ou l’autre

 

 et renversait  sa chevelure en arrière

 

avec des gloussements de honte d’avoir trop parlé.

 


Mais, à Pauline tout était pardonné.

 

 

Lors d’une calme promenade dans ce Moulleau

 

où chacun maintenant savait que c’était elle,

 

 elle s’arrêta en admiration  devant la grille du presbytère :

 

devant elle, le plus beau jardin qui lui avait été donné de voir :

 

 cascades de giroflées,

feu d'artifice de monbretias

*

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*

 de lavande, débordant des rocailles, clématites,

*

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*

 

 millepertuis courant à ras de sable,

 

solanum et roses trémières,

cadre vraie carte postale de charente maritime.jpg

 

explosion de marguerites, d'alstroemerias,

*

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*

 

de cosmos,

 

de bleuets,

*

autres cosmos et bleuets.jpg

*

légers ombrages des eucalyptus et de l’olivier...


Elle poussa la grille,

 

 et par ce biais, fit la connaissance de l’abbé Marcou,

 

 ci devant curé de la paroisse et grand instigateur de l’ordre du jardin.

 


C’est lui qui l’instruisit sur l’origine du mot Passes

 

 

« Monsieur le Curé, votre église porte un nom bien cocasse :

 

Notre Dame des Passes, !  vous n’y pensez pas ? . .  . »

*

medium_moulleau_mariage_avril_2008_C_et_N.2.jpg

 

*

cadre n d des passes moulleau.jpg

 

 

Et de renverser en arrière sa lourde chevelure

 

dans un gloussement de  diva.

 

 

Le père Marcou en marin aguerri,

 

 lui expliqua que les passes

 

 étaient ces deux bras d’eau

 

qui  permettaient aux marées  de pénétrer

 

 et de  sortir du bassin, et non pas…

 

 

«  Vous savez, pour moi, les passes,  c’était  :

 

- Cinq francs la passe !

 

qu’annonçait la grosse putain de la rue de  Budapest !

 

 

Que voulez vous monsieur le Curé, à chacun ses références ! »

 

 

Le père Marcou et elle devinrent très grands amis,

 

Pauline prit en mains la destinée du jardin,

 

avec un bonheur inégalé.

 

 


Passèrent les années.

 


Chaque célébrité dès son arrivée,

 

 déboulait avenue Saint  François Xavier

 

 et c’étaient des échanges à n’en plus finir :

 

 

Jean Marais,

qui rejoignait son frère chaque été sur le bassin,

 

 lui tomba dans les bras,

 

puis lui saisissant les mains  en se reculant,

 

 la regarda avec un sourire délicieux :

 

 

«  Pauline, ici !  vous ! . non ! . .. ».

 


Alain Delon, avec Nathalie, et le petit Anthony,

 

en séjour chez les Poniatowski,

 

 passèrent plusieurs soirées avec elle,

 

 

Marthe Mercadier l’appela de Paris pour lui demander conseil :

 

elles deux  concoctèrent une visite  au Canon

 

 où Marthe se décida à l’achat

 

 d’une adorable propriété en bord de plage.

 

Pauline l’aida au choix des rideaux,

 

 mettant comme toujours à profit son goût,

 

 ses  idées raffinées.

 

Parmi les derniers,

 

 il y eut récemment Obispo, oui,

 

 le Pascal, installé au Ferret,

 

 mais après avoir  pris conseil de Pauline.

 

 Il balançait entre les deux rives nord

 

ou sud du bassin.

 

 Pauline lui recommanda la paix de la pointe du Cap,

 

 elle-même n’avait que trop su ce qu’était la célébrité à Arcachon

 

bien qu’elle reconnut que la région n’avait rien à voir

 

avec les folies mondaines de la Côte d’Azur.

*

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*

 

 

Il y a peu, Pauline s’est éteinte .

 


Une belle cérémonie réunit en l’église Notre Dame des Passes

 

 tout le gratin parisien qui n’avait pas oublié

 

la vieille amie,

 

 la confidente,

 

 la pareille.

 

Pauline, la discrète,

 

qui n’avait pas réussi sa retraite calme,

 

 qui avait rayonné sur tout ce que le bassin comptait de gloires,

 

 de noms, de célébrités …

 


Pauline, qui avait quitté Paris

 

 pour la paix, laissant derrière elle

 

 quarante années de  souvenirs à Saint Germain,

 

comme Dame Pipi à la Brasserie Lipp,

 

 parmi les fantômes de Miles Davis,

 

François Mitterrand,

 

André Malraux,

 

 Saint Exupéry,

 

 Gide,

 

 Sartre,

et

 

Simone ,

 

 Greco,

 

 Hemingway

 

 ou Léon Blum...

*

*

Pau, 11 juillet 2008

Note de l'auteur:

tous les noms et prénoms cités renvoient

à des personnes existant ou ayant existé,

et habitués d'Arcachon,

 

 

SAUF

 

 

 

*

*

 

Pauline Marchicourt,

 

 

 évidemment

*

*

 

 

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Un mariage mémorable chez les farfelus d'Helconide, l'été de tous les mariages

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 à ma chère  Tante Astridelle

 

 

   Jamais je ne m'en voudrai assez. Depuis le temps que

je vous parle de ma famille Hadulphe,

l'oncle musicien en premier, j'avais omis,

 

 où ai-je la tête? 

 

 l'oncle Phaéton et sa sœur, ma tante-donc Hébé.

Phaéton pourtant, c'est quelqu'un.

Oui, je sais, il est mort depuis pas mal de temps, -

d'accord,

mais sa personnalité, ses bons mots, les anecdotes de son

existence ne cessent de courir de cousin à cousine, de

nièce à neveu.

 

 C'est toujours un bonheur que d'évoquer le Brillant et sa

célébrissime manie de l'ordre, de l'exactitude, au point

que nous, la bande d'insolents neveux, l'avions surnommé

 

 « Onze heures Onze »

 

nombre dont la parfaite symétrie scripturale n'avait

d'égal que l'absolu rangement des lieux qu'il habitait, que

l'ordre maniaque et méthodique qui accompagnait chaque

déplacement , chaque mouvement, chaque respiration de

Phaéton.

ll était doté d'une solide fortune, acquise par un poste

prestigieux dans …............???...je n'ai jamais su.

Propriétaire de nombre de résidences, il laissait en

chacune, en prévision d'une éventuelle venue impromptue,

l'attirail propre à ses périodes de villégiature, ce qui pour

l'Oncle Phaéton consistait en

 

* un short type anglais, bien long, bien large

* un polo en piqué pur coton

* une paire d'espadrilles de toile bleu marine, ( basque )

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les vêtements sur un de ces valets de bois, au pied du lit,

les sandales de corde soigneusement rangées côte à côte,

au garde-à-vous« Onze heures onze » attendaient le

retour de l'oncle parfois tout le printemps, puis tout l'été

puis l'automne, jamais l'hiver où l'attirail se reposait

jusqu'au printemps suivant.

 A sa guise, indépendant, sans épouse et sans

descendance, peu tenu par le reste de la famille, ignorant

les amis, il allait et venait suivant son humeur, et quand

on l'attendait à Deauville, nous apprenions par quelque

cousin  ou branche rapportée, qu'il prenait les eaux en

Suisse, ou à Vichy.

 Mais si je vous parle de Phaéton, c'est surtout pour avoir

un motif à évoquer Hébé.

Ah!tante Hébé!

 

 Je fis sa connaissance de façon plus que romanesque.

Invitée au mariage d'une mienne cousine, et admirant du

haut de la tribune de l'orgue ( bien sûr, là où se trouve

Hadulphe, je suis...) l'entrée admirable

de Rodaïde au bras d'oncle Adalbert, je repérais dans

l'assistance,une silhouette plus qu'étrange, incroyable.

 Une petite chose, d'une rare maigreur, même vue

seulement de haut et de dos,posée sur de petites

et tellement fragiles pattes d'échassier qui dépassaient

de la jupe froufroutante et volantée, soyeuse et fleurie,

une petite tête agitée en tous sens, et chapeautée d'une

extravagante capeline - maison qui, à chaque mouvement,

menaçait d'éborgner les deux messieurs qui encadraient la

silhouette.

( Peut être " Onze heures Onze ", sur sa  droite ? )

 Une petite voix haut perchée, qui dominait l'ensemble de

l'assistance chantante. Petite, si petite, mais tenant tant

de place...

  Le rapide descriptif que j'en fis à Hadulphe, de dos

puisque assis devant ses claviers ne lui laissa aucun doute:

 

 

Hébé !

 

  Omniprésente pendant les deux heures de la cérémonie,

la petite chose s'impliqua dans le placement des invités,

participa à la quête, escortant les Âdorables garçonnets

porteurs de panières fleuries, gloussant, s'arrêtant à

chaque rangée, recevant baise main et discrètes

accolades, saluant d'un jeu de doigts rapide

 Adalelme,

Mechtilde

Hildegonde,

Austreberthe,

les jumeaux Ursicin et Volusien,

" Dieu, comme ils ont grandi ! "

 

Pulcelle,

Eudoxie,

" Ma chérie , mais tu es rrââvissante!"

Oh, Phébalde!

et de l'embrasser voracement, toute la foule des parentés

réunies, tandis que Rodaïde, raide sous l'héritage des

sept jupons ancestraux qui sedoivent d'être portés,

superposés, le jour des noces, livide et crispée, montrait

d'évidents signes d'impatience et d'agacement :

 

Hébé, té!

 

était encore en train de bouziller la fête, comme elle

l'avait fait aux noces de ses sœurs  Aremburge

et Carétène, et ce n'était rien à côté de ce qu'elle nous

réservaitpour la soirée...

 

 

  Rodaïde n'avait pas tort de craindre le pire mais elle

était loin de soupçonner les tempêtes qu'allait déclencher

tante Hébé.

 

  La cérémonie achevée, (enfin ! )  nous quittâmes l'église

à plus de 18 heures 30 pour rejoindre la propriété des

parents d'Eustaise.   

 

 La montée vers les hauteurs au dessus du lac du Bourget,

dans l'antique décapotable d'oncle Hadulphe se passe de

description :

 

imaginez seulement tonton, heureux d'en avoir fini avec le

pensum de la partie musicale qui lui avait été imposée,

écrasant autant que faire se peut le champignon pour

obtenir un bon 35 km heure.

Ce délicat et fin musicien, obligé de jouer cette pompeuse

marche nuptiale, réduction pour l'orgue d'une œuvre de

Mendelssohn, si belle à l'orchestre , avait réussi, pour la

sortie de la cérémonie, à imposer tout de même aux

tourtereaux incompétents un véritable trésor, une pièce

de musique française de Clérambault,

 " Caprice sur les Grands Jeux " qui sonna fort bien lui

sembla-t-il sur l'orgue.

 

Qui l'entendit ? Qui l'écouta ?

 

 Dans le tonnerre des talons sur les dalles, le brouhaha,

les cris des petits, les éclats de voix d'Hébé qui

montaient jusqu'à la tribune, qui sut savourer les accords

savants et harmonieux de  Clérambault…?

 

Si tous les instruments de musique sont faits pour

les oreilles, seul l'orgue semble conçu pour les pieds :

dès qu'il retentit, l'assistance sort  avec fracas.

Hadulphe lui - même, empêtré dans les trois claviers mal

connus, abasourdi par le vacarme confus que produit

l'orgue pour l'interprète, douta de l'effet produit.

Il demanderait tout à l'heure à Aicard, le seul de la

famille qui s'intéressât vraiment à la musique car il ne

pouvait compter sur mon avis : oreilles bourdonnantes de

cloches, dans la confusion totale des sons perçus à la

tribune, toute entière rivée sur la sortie du cortège, je

n'en perdais pas une et n'écoutais rien.

 

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 Nous grimpâmes donc vers le domaine : une vaste

demeure du 18°, legs familial depuis des générations, qui

s'ouvrait ,  en contre bas sur le lac du Bourget et ses

relents lamartiniens.

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 Face à nous, minuscule au loin  et drapée des brumes du

soir,dans la lourde chaleur de cette fin juillet l'abbaye de

Hautecombe.

 

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  La pelouse autour de la demeure servait de plateau aux

tables du buffet: blanches immaculées, elles offraient à

nos avides gourmandises de frais délices de saison, des

canapés exquis, des navettes dorées fourrées de foie

gras, les bouteilles d'eau gazeuse et de jus de fruit, par

centaines, nous attendaient pour étancher nos soifs, car

j'ai oublié de vous le signaler, mais ce vendredi - là, nous

connûmes une des pires chaleurs qui soit. Plus de 40

degrés, qui ne procuraient que l' envie de s' abandonner

aux moelleux coussins jetés ça et là sur le gazon, et de se

désaltérer jusqu'à...plus soif.

 

C'est là qu'Hébé commit sa première gaffe.

 

 Déjà fort  excitée, elle accepta le verre de whisky posé

avec d'autres sur le plateau que lui présentait un digne

maître d'hôtel aux gants blancs.

Je vis Hébé saisir l'objet, qui avait été refusé comme

ceux qui l'entouraient par tous qui lui préféraient l'eau

fraîche ou le jus d'orange.

 Oui je vis bien, car nous avions élu domicile sous un grand

conifère qui nous apportait un très léger frémissement de

fraîcheur et de notre observatoire un peu en retrait,

toute la parentèle était sous notre garde, et notre

curiosité.

 

 Rodaïde entamait le tour des invités,toujours emprisonnée

de ses fichus jupons, Eustaise légèrement en retrait,

laissait son épouse toute neuve prendre les devants.

 Présentation des uns aux autres, rires en cascades,

comme s'il y avait de quoi rire, mais soyons gais, marions-

nous...

 

 La mère d'Eustaise, dignement chapeautée d'un bibi

mauve à voilette, daigna enfin déposer son couvre chef un

peu au hasard, sur un coussin.

 

 

 Oncle Hadulphe était gai et volubile ce soir-là, oh ! pas à

cause des noces d'Eustaise et de Rodaïde, dont il se

moquait comme de ses premières gammes, mais de passer

ce moment avec nous, qui étions, je crois bien, ses neveux

préférés.

 

 Aicard surnommé je ne sais pourquoi, "Le Grand", lui

donna son point d'oreille sur la sortie qu'il avait jouée,

 

   « fort bien,très en place, belle registration  » 

 

et Hadulphe ne put s'empêcher de savourer l'avis

pertinent de son sien neveu.

 

C'est à cet instant précis qu'Hébé fondit sur nous :

 

« Hadulphe mon cher, vous fûtes génial! »

 

 Le verre vide à la main, elle secouait sa capeline plus que

jamais, et les boucles poivre et sel de son chignon, comme

saupoudrées de poussière ancestrale échappaient à

l'ordonnance de la coiffure, et commençaient à menacer

ruine sur sa nuque.

 Un plateau passa à portée, elle déposa son verre vide et

se saisit d'un plein dont elle avala le contenu si

rapidement qu'elle eut le temps, avant même que le

porteur de plateau ne tournât les talons, de reproduire la

manœuvre, et vida dans l'instant son troisième verre de

bourbon.

 Personne ne bougea et surtout pas Hadulphe qui m'avait

dit à la tribune, que depuis bien longtemps il se

désolidarisait des agissements de sa belle – sœur, veuve

de son défunt frère Albéron.

 C'était la première fois que je voyais ma tante;

elle vivait au nord de la Belgique et ne venait guère se

joindre à notre tribu qu'en cas de mariage

« à la hauteur »

 

  Celui d'Eustaise et de Rodaïde correspondait à ses

critères : je découvris donc tante Hébé, mais déjà

sérieusement éméchée.

 

 La voix se faisait encore plus perchée, plus acide, les

pattes d'échassier plus maigres et plus graciles,

semblaient tout à coup incapables de supporter plus

longtemps la charge pourtant si légère du corps d'Hébé.

 

Et ce qui devait arriver, arriva.

 

 Elle s'écroula, fessier en tête, sur un  coussin à portée

de céans. Je n'eus que le temps de voir disparaître le bibi

à voilette sous la jupe fleurie.

                               Fin de l'épisode.

 

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 Effondrée, saoule comme trente six grives, Hébé

réclamait à boire, sur un ton qui d'impératif et strident

devenait comminatoire .

 

 

 Au milieu de cette assistance policée, calme et mesurée,

sous les accords douteux des cordes , - violon, alto,

violoncelle - que nous donnait à entendre depuis un balcon

un groupe d'enfants, cousins sans doute, dans toute cette

ordonnance bien huilée, contrôlée, Hébé entamait le

numéro de sa vie.

 

 

Il serait temps de vous révéler un secret :

tante Hébé

 

et bien, elle ne fut jamais ma tante.

 

 Au sein de notre tribu, tout ce qui est cousin, germain,

éloigné, à la mode de Bretagne, branche rapportée ou

rapporteuse, tout cela va droit dans le même sac familial,

celui réservé aux appellations d'origine contrôlée

 « oncles et tantes ».

  Ainsi, n'allez surtout pas imaginer mes dignes géniteurs

affublés de douze ou quinze frères et sœurs : si les

familles nombreuses sont bien vues par chez nous, le

nombre de procréés ne dépasse que rarement le sixième.

 

  C'est à cet instant précis de mes cogitations que

justement Sixtine, pas la Chapellemais ma petite dernière

cousine du côté de Gontrade, pas encore couchée malgré

l'heure fort avancée, vint délicatement vomir sa neuvième

navette au foie gras sur les pieds de Tante Hébé.

 

  La brave femme, effondrée, comme je crois vous l'avoir

narré, après l'ingestion de son troisième Bourbon, la

capeline en bataille, la jupe allègrement remontée sur ses

graciles cagnettes, n'eut pas le temps de bondir . Le jet

sixtinien s'amollit sur les petons de tantine.

 Le hurlement qu'alors poussa cette dernière reste

aujourd'hui encore, vingt-six ans plus tard dans la

mémoire de tous les Savoyards qui crurent revenu le

temps des Grandes Invasions Barbares.

   Hébé hurlait, Sixtine braillait, et pour parfaire son

œuvre, la gamine, de ses doigts artistes, tartinait le vomi

aussi délicatement qu'elle l' avait régurgité.

 

 Gontrade arriva ventre à terre, confuse et se répandant

en excuses auprès d'une Hébé hystérique.

  Un malheureux maître d'hôtel voulut relever ma tante :

elle s'accrocha à lui, crut à la verticalité mais perdit

l'équilibre, entraînant le cher homme dans sa descente

aux enfers. Hébé chutait pour la deuxième fois.

 Un roulé boulé de classe sur la pelouse, la tribu partagée

entre fou rire et indignation,

 

 Rodaïde, verte, les mâchoires tellement crispées qu'on

aurait dit ses deux maxillaires soudés pour le restant de

ses jours, Eustaise, tachant maladroitement de séparer

les deux corps imbriqués par la chute,

 Hébé accrochée aux basques du pauvre maître d'hôtel,

vociférant, pis, éructant...Je vous laisse imaginer.

 La mère d'Eustaise, départie à tout jamais de son bibi à

voilette, ne trouva rien de mieux, pour distraire

l'atmosphère que de relancer le groupe des cordes figé

sur son balcon : un flot d'accords maladroits et

disgracieux nous tomba sur les épaules, et nous en

courbâmes tous la tête sous le poids de l'infamie musicale.

 

C'est alors qu'Hébé soudainement dégrisée, leva vers le

balcon un doigt sentencieux:

 

« Vous les morpions du violon, au lit  !   Ça suffit,

qu'est ce qui m'a fichu des zozos pareils?

Hadulphe ? Hadulphe ? Mon cher,

ne pouvez-vous pas leur claquer le bec à ces inaptes? »

 

Eustaise tenta d'intervenir.

 

« Oh toi, ça va, hein, même pas capable de t'imposer

auprès de ta bonne femme, tu ne vas me donner des

leçons, et quand tu couchais avec elle pendant votre

retraite spirituelle à Lourdes chez les Bons Pères, tu

jouais à cache cache avec C .. mais n'empêche qu'elle t'a

vu entrer dans la cellule de Rod, et qu'elle a tout entendu

et qu'elle a tout raconté et que vous n' êtes qu'un belle

bande de faux jetons.

Mon cher Albéron avait bien raison , vous ne valez pas

tripette.

Je suis venue, j'ai vu, je pars, sans me retourner. »

 

  Elle tenta malgré tout un demi tour devant la famille et

les amis éberlués, raides de dignité outragée , mais elle

se prit les pieds dans rien et s'affala à nouveau, nez

contre terre.

 

 Alors s'éleva la tragique et terrible plainte de Rodaïde,

dont les noces qui s'annonçaient dignes et grandioses

viraient au cataclysme, un long sanglot dont on devinait

qu'il accompagnerait la vie entière du nouveau ménage.

 

Hébé se releva seule, ignorée à tout jamais de la famille.

 

                                                   Ignorée ? Vraiment? …

 

 

...Je vis alors Hadulphe, mon cher Oncle Hadulphe se

diriger vers elle, sa belle sœur mal comprise, mal aimée

voire méprisée par lui depuis tant d'années.

Soudain, il sentait un impérieux besoin de l'approcher, de

la soutenir, de l'accompagner, il se sentait si proche

d'elle.

 

Il jeta un œil de rogne longuement contenue vers le balcon

et les marmousets qui avaient cessé leurs outrages, il jeta

un second coup d' œil élargi, circulaire vers la tribu

hébétée, tendit la main vers Hébé, d'un geste si

rassurant, si engageant, qu'elle ne put qu'y céder.

Il baisa respectueusement la petite main si maigre et si

fripée, remit un peu d'ordre dans la chevelure anarchique,

et là, devant toute cette noble assemblée, attira la vieille

dame jusqu'à lui pour le plus spectaculaire baiser auquel il

nous fut jamais donné d'assister.

 

 

 Puis, sans un regard pour le reste du monde qui semblait

avoir disparu, Hadulphe et Hébé quittèrent la scène de ce

théâtre, pour un dernier acte que nous ne pûmes

qu'inventer, fantasque et gai, fou et farfelu, à leur

image, et pour longtemps dans nos mémoires, bien plus

grandiose que les pâles noces d'Eustaise et Rodaïde.

un baiser comme au cinéma.jpg______________________________________________________________________

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

L'été ,  saison  des mariages

*

*

*

 

 

Ils y vont, gais et joyeux

dans le grand   bleu de ce bel été,

ils y vont,  la joie et  l'espérance au cœur.

Qui n'a pas de  mariage à l'horizon

de sa famille ou de ses amis ?

 

Mendelssohn va chauffer...

Et souvenez vous que La Marche Nuptiale, 

si souvent  entendue, rebattue, lors des cérémonies

 

 Mendelssohn la composa  non  sans  malice,

pour le mariage   d'un âne,

dans  "Le songe d'une nuit d'été"

parodie gratinée  élue par des futurs mariés

qui n'en savent rien.

 

Choisissez mieux, les petits...

Et par pitié, évitez  les musiques  en CD;

si vous demandez à  l'Eglise de recevoir le sacrement 

de  mariage,

 

souvenez-vous  que  dans les paroisses officient

des organistes  liturgiques  prêts à vous proposer un

programme digne  de votre cérémonie.

Pourquoi pas    la fantaisie et fugue  de JS Bach

pour une entrée empreinte  de grave  solennité ?

 

 

et une  majestueuse  sortie  avec Dietrich  Buxtehude

 

Te  Deum Laudamus  BxVW 218

 

 

 

 

 

à bon entendeur, salut !

 

Les appareils photos aussi vont  chauffer

 


Que sonnent les cloches à toute volée :

les petits  personnages  en haut du gâteau

figés dans la chantilly et la meringue,

leur feront croire, encore un peu à 

 l'éternité de l'amour. 

Beau mariage et soyez heureux.

Faites  des enfants,

beaux , intelligents, de préférence,

et passez la barre des 2 ans, des 5 ans,

10, 12,

des 20 ans ,

si vous le pouvez.

 

 

 

 

Flaubert nous offre une  savoureuse description,

  parodique et ironique comme il  aime à le faire

 du repas  de noces  de Charles et Emma Bovary.

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« C'était sous le hangar de la charretterie que la table
 
était dressée. Il y avait dessus quatre aloyaux, six
 
fricassées de poulets, du veau à la casserole, trois
 
gigots et, au milieu, un joli cochon de lait rôti, flanqué de
 
quatre andouilles à l'oseille.
 
 Aux angles, se dressait l'eau-de-vie, dans des carafes.
 
 Le cidre doux en bouteilles poussait sa mousse épaisse
 
autour des bouchons et tous les verres, d'avance,
 
avaient été remplis de vin jusqu'au bord.
 
 De grands plats de crème jaune, qui flottaient d'eux-
 
mêmes au moindre choc de table, présentaient,  dessinés
 
sur leur surface unie, les chiffres des nouveaux époux en
 
arabesques de non pareille.
 
      On avait été chercher un pâtissier à Yvetot
 
 pour les tourtes et les nougats.
 
   Comme il débutait dans le pays, il avait soigné les
 
choses ;
  et il apporta, lui-même, au dessert, une pièce montée
 
qui fit pousser des cris. 
 
 À la base, d'abord c'était un carré de carton bleu
 
figurant un temple avec portiques, colonnades et
 
statuettes de stuc tout autour dans des niches constellées
 
d'étoiles en papier doré ; puis se tenait au second
 
étage un donjon en gâteau de Savoie, entouré de menues
 
fortifications en angélique, amandes,
 
 raisins secs, quartiers d'oranges ; et enfin,
 
sur la plate-forme supérieure, qui était une prairie
 
verte où il y avait des rochers avec des lacs de
 
confiture et des bateaux en écales de noisettes,
 
on voyait un petit Amour,se balançant à une escarpolette
 
de chocolat,  dont les deux poteaux
 
étaient terminés par deux boutons de rose naturelle,
 
en guise de boules,  au sommet. »
 
                                                Gustave Flaubert
 
                                                 "Madame Bovary"
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